Chaque vendredi, Arnaud Laporte et les critiques de La Dispute vous proposent une sélection de rendez-vous culturels pour votre week-end.

Toute cette semaine, les critiques de La Dispute ont une fois encore débattu pour vous du meilleur de l'actualité culturelle. Résultat de ces échanges en 5 récréations, une pièce de théâtre, un film , un livre, une exposition, un roman. Bonnes découvertes !
Un spectacle : “Le monde d'hier”, de Stefan Zweig, mise en scène de Patrick Pineau, avec Jérôme Kircher, jusqu’au 20 janvier aux Gémeaux, à Sceaux, puis en tournée
Le monde d’hier est le dernier livre de Zweig, rédigé en 1942. Ce sont ses mémoires, dont il poste le manuscrit à son éditeur la veille de son suicide avec sa femme, le 22 février, au Brésil. Il sera publié deux ans après sa mort. Zweig le rappelle lui-même dans ce livre, il a été, de son vivant, l’écrivain le plus lu de son temps, le plus traduit dans le monde, et enseigné dans toutes les écoles d’Allemagne. Puis vint le nazisme.
Sur une adaptation de Laurent Seksik, mis en scène par Patrick Pineau et Jérôme Kircher, ce spectacle montre qu’il est toujours nécessaire d’entendre la recension que fait Zweig de la cruauté et l’absurdité du monde, lui qui pointe d’emblée le poison : le nationalisme. Jérôme Kircher en est l’interprète sensible, dans un espace réduit qui contraint à un minimalisme bien venu. A écouter, à méditer, au présent.
L'avis des critiques de La Dispute :
Pour entendre ces textes là, il faut des grands comédiens. Jérôme Kircher en est un. Philippe Chevilley
L'adaptation est très concrète ; raconte une vie charnelle, les promenades dans Vienne... Kircher est comme le fantôme de Zweig qui revient vers nous : il est en suspension entre l'absence et la présence. Fabienne Pascaud
C'est un spectacle qui fait réfléchir et rend plus intelligent. Marie-José Sirach
Un livre : “Last Night a DJ Saved My Life”, de Bill Brewster et Frank Broughton, éditions Le Castor Astral
Le Castor Astral publie enfin en français le grand livre sur la dance music, rédigés par deux anglais exilés à New-York, où ils ont rencontrés tous les acteurs majeurs de cette histoire. Des stations de radio aux clubs, des DJs aux clubbers, cet ouvrage livre tous les secrets tapis sous le dance-floor.
L'avis des critiques de la Dispute :
Ce livre tisse des liens entre des histoires qu'on connaissait erratiquement. Olivier Laam
Le DJ y apparaît comme la quintessence de l'artiste post-moderne. Matthieu Conquet
Le livre parle des DJs et de leur rapport avec le public et ses danseurs, c'est passionnant. Joseph Ghosn
Une exposition : “Les faits du hasard”, jusqu’au 4 mars au 104
Quand le hasard et la technologie se rencontrent, grâce à un artiste, que se passe-t-il ? Une trentaine de réponses sont actuellement présentées au 104 sous forme d’installations, qui réintroduisent de la poésie et offrent des expériences aussi immersives que contemplatives aux spectateurs.
L'avis des critiques de La Dispute :
Cette exposition réduit l'écart entre l'imaginaire et la technologie : le numérique n'empiète pas sur l'art plastique. Florian Gaité
Le jeu fait partie intégrante de l'exposition qui tente de répondre à la question : comment faire une œuvre avec du hasard ? Florian Gaité
Un livre : “Microfictions 2018”, de Régis Jauffret, chez Gallimard
En 2007, Régis Jauffret proposait 500 très courtes nouvelles, réunies sous le titre Microfictions, livre qui avait reçu le Prix France Culture. 11 ans plus tard, l’écrivain n’a rien perdu de son regard acéré et va toujours à l’essentiel. Si la lecture peut en être éprouvante, ces histoires dressent le portrait effrayant de notre monde, mais disent aussi quelque chose de l’amour et de l’innocence.
L'avis des critiques de La Dispute :
Jauffret est entre Balzac et Borges : il veut concurrencer l'état civil et développe une idée qui "pourrait être résumée oralement en quelques minutes". Laurent Nunez
C'est une expérience de lecture subjuguante qui tourne parfois à l'exercice de style. Jean-Christophe Brianchon
Derrière son style brillant, le texte qui dépeint une humanité pitoyable est un poison très nocif. Elisabeth Philippe
Un film : “Seule sur la plage la nuit”, de Hong Sang Soo
Le cinéaste coréen, peut-être le plus grand cinéaste en activité, poursuit son exploration de la psyché féminine, et rebats les cartes de son autobiographie en filmant la sublime Kim Min-Hee, actrice devenue sa compagne, ce qui fit scandale en leur pays. Ce rôle a valu le Prix d’Interprétation Féminine à la comédienne au Festival de Berlin. Amplement mérité.