Dim. 20 mai : "Amour" de Michael Haneke - "La chasse" de Thomas Vinterberg
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Antoine Guillot commente les films Amour et La chasse :
Avec la projection d’Une journée particulière , le film de son président Gilles Jacob , le Festival de Cannes fête ce soir sous des trombes d'eau ses 65 ans, en présence de la toute nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, qui n'en a que 38. Elle rajeunira ainsi par sa présence une assemblée largement plus âgée. Jugez-en : l'âge moyen des réalisateurs en compétition à Cannes cette année est de 55 ans. Alors fatalement, le sujet des films vieillit lui aussi. C'est ainsi que Michael Haneke , 70 ans, Palme d'Or en 2009 pour Le Ruban blanc , s'intéresse pour son nouveau film, Amour , au grand âge, en filmant un couple d'octogénaire confronté à la fin fatale de leur amour quand la femme subit une attaque cérébrale.
La femme, c'est Emmanuelle Riva , l'interprète d'Hiroshima mon amour , l'homme, Jean-Louis Trintignant , que Haneke a convaincu de quitter sa retraite cinématographique. L'Autrichien ne nous épargne rien du calvaire engendré, chez l'un comme chez l'autre, par la grande dépendance, ce qui a provoqué de nombreux sanglots chez certains spectateurs. Malheureusement, le ton volontairement froid, distancié, voire parfois hautain pour les personnages secondaires, qu'a adopté Haneke, s'il fonctionne en général dans ses films, échoue ici à provoquer une véritable émotion, d'où l'ennui et le désintérêt qui nous a étreint pendant la projection. C'est ainsi qu'un certain cinéma, lui aussi, vieillit cruellement.
Thomas Vinterberg n'a lui que 43 ans, il avait donné au festival un grand coup de jeune en 1998, à 29 ans donc, avec Festen , qui dynamitait une famille modèle danoise et lui avait valu le Grand Prix du Jury. Pour son retour en compétition avec La Chasse , il compte cette fois montrer rien moins que l'hypocrisie de la société danoise toute entière, apparemment si policée, via l'histoire d'un homme injustement accusé de pédophilie, qui va voir ses collègues et ses amis les plus proches se retourner violemment contre lui.
Mais le cinéma de Vinterberg s'avère bien vieillot lui aussi : le calvaire, là encore, de cet homme, est sans surprise et sans doute, plein de certitudes dans sa dénonciation, le tout filmé comme un téléfilm. Nul doute qu'Alain Resnais , doyen de la compétition avec ses 89 ans, saura donner demain un vrai coup de jeune à cette 65ème édition !
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