Le geste cinématographique
Loin du cinéma formaté et calibré qui pourrit nos salles et plus que jamais nos cinémas Art et Essai (Art et Essai se traduit par « critères artistiques et financiers spécifiques » qui en bon français veut dire – vous allez vous fader du Benoît Jacquot encore trente ans), loin du verbiage intello critique formaté et calibré des professionnels de la profession qui pourrit à la minute même qu’il fleurit, il existe un langage différent, un cinéma différent qui ne tire pas une légitimité supposée artistique d’une hypothétique exigence artistique (qu’est-ce que c’est que ce gros mot ?) mais qui produit sa substance et sa force de la volonté d’exécuter le geste cinématographique, une intention « désintéressée » de mettre en mouvement l’espace public et de raconter la société telle qu’elle est sans les codes imposés par l’industrie cinématographique.Le geste cinématographique ne nécessite pas de moyens particuliers mais il exige de passer outre les règlements, d’abattre toutes limites et toutes frontières. Les cinéastes de cœur, les autodidactes comme les accomplis ont, du coup, toute liberté d’appréhender la réalité du quotidien pour mieux nous faire partager leur expérience de la vie. Aujourd’hui, attention danger ; les chaînes de télévision, nouvelles mères maquerelles, organisent la régression ; téléréalité, tout est dit ! Le geste cinématographique participe à la gestion contrôlée des milieux comme une garantie d’authenticité ; au cœur de l’image, l’ouvrier d’une usine qui témoigne de sa condition conduit son film loin de toute aliénation. Continuons le combat contre les diktats. Si vous désirez découvrir la veine et creuser davantage, je vous encourage à piocher (je suis sûr que certains d’entre vous n’ont pas attendu mon appel pour fouiller) dans les œuvres des groupes Medvedkine (1967-1973) et Cinélutte (1973-1979) en passant par les écrits aussi érudits qu’accessibles du grand spécialiste de la chose, Patrick Leboutte.> Découvrez Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin sur Grand Écart> Découvrez Madame L’Eau de Jean Rouch> Découvrez Le Coffret Penser Critique