
Plus de 40 heures de travail, 13,5 centimètres de haut, 9 centimètres de large, 118 grammes d’or 24 carats, 1 kilogramme de cristal et estimée à un peu plus de 20 000 euros… Déjà 60 ans de Palmes d’or, et une histoire passionnante.
2015 : 68e édition de Cannes mais seulement 60e Palme d’or. Sacré Graal du septième art, la récompense la plus en vogue dans le monde du cinéma n’a pas toujours eu le vent en poupe et son histoire a été quelque peu chaotique. Si vous le voulez bien, remontons aux années 1950. A l’époque, pas de Palme d’or mais le « Grand Prix du Festival international du film ». Oubliés également l’or et le cristal, le réalisateur consacré recevait un diplôme et une œuvre signée par un artiste en vogue. Pas très glamour pour la Croisette, vous en conviendrez ! C’est pourquoi, dès 1955, le Festival de Cannes voit apparaître la Palme d’or. Créée par la joaillière Lucienne Lazon, c’est le réalisateur américain Delbert Mann, pour son film Marty , qui recevra la récompense telle qu’on la connaît (plus ou moins) aujourd’hui pour la toute première fois de l’histoire du cinéma. Mais volte-face en 1963 quand l’administration décide de rétablir le « Grand Prix du Festival » avec les anciennes récompenses des années 1950. C’est finalement en 1975 que la Palme d’or est définitivement adoptée, bien qu’elle ne reçoive officiellement cette nomination qu’en 1980. Après quelques modifications, elle obtient la forme qu’on lui connaît aujourd’hui en 1997, lorsque la joaillerie Chopard obtient l’exclusivité de la réalisation du trophée.
Mais outre l’aspect glamour à paillettes de la sculpture, la Palme d’or est, bien évidemment, un enjeu médiatique dangereux. Le réalisateur qui remporte ce prix n’est pas assuré du succès de son film auprès des critiques et du box-office. On observe bien souvent l’effet inverse avec une partie du public se sentant exclue par un cinéma qu’elle considère comme élitiste et pompeuse. Des films tels que Les Meilleures Intentions de Bille August (Palme d’or 1992), L’Eternité et un jour de Theo Angelopoulos (Palme d’or 1998) ou encore Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures d’Apichatpong Weerasethakul (Palme d’or 2010) en ont fait les frais avec respectivement 91 000, 130 000 et 182 000 entrées en France – à titre de comparaison, La Vie d’Adèle : chapitre 1 et 2 d’Abdellatif Kechiche, Palme d’or 2013, a recensé plus d’un million d’entrées dans l’Hexagone.
Toute institution historique (car oui, la Palme d’or est à elle seule une institution) a son lot de « premières fois » plus ou moins originales. En ce qui concerne la récompense suprême, il convient d’en retenir trois. A vous ensuite de juger de l’excentricité de chacune d’elle. En 59 ans, la Palme d’or n’a été décernée qu’une seule fois à une femme : Jane Campion pour La Leçon de piano en 1993. Et ce, malgré la sélection en compétition officielle de Valeria Bruni Tedeschi en 2013, Alice Rohrwacher et Naomi Kawase en 2014, Valérie Donzelli et Maïwenn pour cette édition 2015. A ce jour, seulement sept réalisateurs ont remporté deux fois le précieux trophée : Francis Ford Coppola (Conversation secrète en 1974 et Apocalypse Now en 1979), Shoei Imamura (La Ballade de Narayama en 1983 et L’Anguille en 1997), Bille August (Pelle le conquérant en 1988 et Les Meilleures Intentions en 1992), Emir Kusturica (Papa est en voyage d’affaires en 1985 et Underground en 1995), les frères Dardenne (Rosetta en 1999 et L’Enfant en 2005) et Michael Haneke (Le Ruban blanc en 2009 et Amour en 2012). Il y a deux ans, et pour la première fois dans l’histoire de la Palme, le trophée a été remis à un réalisateur et à ses deux actrices principales : Abdellatif Kechiche, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux pour La Vie d’Adèle .
En 2015, pour célébrer les 60 ans de la création du trophée, Cannes Classics projette La Légende de la Palme d’or , d’Alexis Veller.
Dernières précisions avant de vous dévoiler la liste du palmarès du Festival de Cannes depuis sa création. La première édition de Cannes devait avoir lieu du 1er au 20 septembre 1939 sous la présidence de Louis Lumière. Malgré un film récompensé (Pacific Express de Cecil B. DeMille), les événements tragiques de cette époque ont contraint les réalisateurs à reporter la première édition effective du Festival au 20 septembre 1946. A partir de cette année il aura lieu tous les ans, sauf en 1948 et 1950, pour raisons budgétaires. A partir de 1952, le Festival se déroule au printemps.
La liste du palmarès de la Palme d'or depuis sa création sur Grand Écart, le site des étirements cinéphiles.