Alors que le “Le Réveil de la Force” sort cette semaine au cinéma, nous consacrons notre série "Mémoires vives" à Star Wars. Personnages emblématiques, réalisateur atypique, musique d’exception et messages symboliques : retour sur un monument de l’Histoire du septième art.

Episode V : “La force, c’est le concept oriental de l’énergie : le ki ”
Star Wars est polymorphique : George Lucas a pioché ses idées dans l’Histoire comme dans les fables et les mythes, et son univers est truffé de références plus ou moins explicites à ses sources d’inspiration. Dark Vador, véritable héros de la saga, aurait ainsi été inspiré du personnage d’Hercule.
Le rêve d’un metteur en scène, c’est d’atteindre l’universel.

En 1999, dans une émission consacrée à la mythologie dans la science-fiction et la fantasy, Michel Cazenave discutait avec Jacques Goimard, directeur de la collection Science-fiction et fantasy chez Presses-Pocket, de la place de la symbolique dans Star Wars :
Georges Lucas, comme de nombreux auteurs, a réinventé un monde où la dialectique du sacré a été réimaginée et réhabillée à partir d’anciennes religiosités : c’est la raison pour laquelle cet univers s’impose naturellement au spectateur. Réécoutez l'intégralité de l'émission, qui évoque d'autres grandes sagas cinématographiques, telles Alien ou Matrix :

Episode IV : Star Wars “a été marqué par l’iconographie nazie ”
A en croire les critiques cinéma lors de la sortie du premier Star Wars, le film de George Lucas a beau être esthétiquement réussi, il est vide de sens. Une coquille vide en somme, dans laquelle les intellectuels seraient bien en peine de trouver un message. La Guerre des étoiles est pourtant éminement politique, comme en témoignaient, en 2007, les invités de Michel Ciment dans une émission de Projection privée consacrée aux 30 ans de Star Wars :
La première trilogie était marquée par la guerre du Vietnam et une iconographie fasciste, nazie pour ce qui est de l’Empire. La prélogie a un discours politique complexe : cet avènement de l’Empire gangréné de l’intérieur, cette République qui se détruit, c’est quelque chose qui est fait sur une réflexion sur plusieurs étapes de la politiques.

Quand, en 1983, Ronald Reagan lance, en pleine guerre froide, le programme d’Initiative de défense stratégique, la presse renomme le projet “Guerre des Etoiles”. Ronald Reagan réutilise alors à loisir le vocable des films de Georges Lucas, qualifiant le bloc communiste d’”Empire du mal”. Une aventure qui déplaît fortement au réalisateur et n’est sans doute pas étrangère à l’orientation, plus politique, prise par sa seconde trilogie :
Je pense que Georges Lucas a été effrayé de voir le détournement de son objet ironique par des gens comme Ronald Reagan, c’est pour ça que dans la deuxième trilogie, il nous montre Dark Vador en tueur d’enfants. C’est l’américain, c’est celui qui tue les gens proches de la nature, comme les indiens.
Réécoutez l’intégralité de cette émission consacrée à Star Wars, riche d’anecdotes sur la création de cet univers :

Episode III : Star Wars, un “objet de consommation et d’abrutissement total ”
Luke Skywalker, une “espèce de fermier macrobiotique dans une ferme complètement bidon ” ? Des spectateurs qui n’ont “pas plus de 20 ans et voient le film avec leur joint, leur cigarette de marijuana en poche” ? La sortie du premier Star Wars, Un Nouvel Espoir , laisse les critiques cinéma partagés, et dépassés par le succès populaire du long-métrage de Lucas.

En 1977, le premier épisode de la franchise est passé complètement en dessous des radars de France Culture , qui ne s'intéressait alors guère à la pop culture. Dans une émission du Masque et la Plume , sur France Inter , les critiques se divisent, Jean-Louis Bory estimant qu’il faut “se refaire une âme d’enfant toute fraîche ”, quand Michel Perez juge qu’il s’agit “d’un bombardement visuel continuel [...] sans aucune espèce de réflexion ” :
Le film devient de plus en plus un objet de consommation et d’abrutissement total, et aucune réflexion n’est possible à partir de ce genre de films. Cela dit ce sont des films extrêmement agréables à voir, et la Guerre des étoiles c’est vraiment le grand pied.
Cinquante ans après, les critiques du Masque et de la Plume nous semblent singulièrement décalés, même s’ils reconnaissent, eux aussi, se laisser happer par le film grâce à une salle de cinéma “emportée par un délire d’enthousiasme ” :
Réécoutez la totalité de cette séquence truculente :

Episode II : Les combats au sabre laser “reproduisent l’ordalie ”
Les duels au sabre laser sont des passages clés des films Star Wars, qui marquent l’évolution d’un personnage ou un bouleversement dans l’intrigue. Luke Skywalker affrontant Dark Vador, Anakin Skywalker combattant Mace Windu, ou Yoda face à Dark Sidious : ces confrontations, opposant le sabre bleu (ou vert) des Jedis au sabre rouge des Siths, traduisent le manichéisme de l’univers créé par George Lucas.

Si Star Wars s’inscrit dans le genre de la science-fiction, l’oeuvre emprunte en réalité bien plus aux codes du genre “médieval fantastique”. Les jedis sont ainsi des chevaliers, et les duels au sabre laser tiennent pour beaucoup de l’ordalie, ce duel judiciaire dont le vainqueur est déterminé par Dieu.
La tempête déclenchée par Dark Vador, c’est le signe même de la déloyauté. Il utilise des armes à côté [du sabre laser].
Dans une émission d’Alain Veinstein, Surpris par la nuit , consacrée aux Figures avec épée , les invités s’intéressent aux personnages munis de cette arme, apanage des chevaliers et des héros. Du Cid à Cyrano, en passant par d’Artagnan, Hélène Merlin, professeure de littérature et écrivaine, fait un détour par Star Wars :
Pour réécouter l’intégralité de cette émission consacrée à d'autres Figures avec épée que celles de Star Wars, vous pouvez jeter une oreille par ici :

Episode I : “Lucas voulait faire ce que faisait Kubrick ”
Il suffit de quelques notes pour qu’aficionados comme profanes reconnaîssent instantanément le thème de Star Wars. Le thème principal de l’oeuvre de George Lucas fait partie de ces musiques qui ont marqué l’histoire du cinéma. Les morceaux, composés par John Williams - également à l’oeuvre derrière les bandes originales d’Indiana Jones, des Dents de la Mer ou encore d’Harry Potter -, sont tout aussi iconiques que Dark Vador, la Force, ou R2D2.
En 1968, la musique symphonique, en passe de tomber en désuétude au cinéma, fait un retour remarqué sur grand écran grâce à 2001 : l’Odyssée de l’espace . Quelques années plus tard, Geoges Lucas s’inspire de Kubrick et décide d’intégrer à son tour, dans son film Star Wars : un nouvel espoir, des musiques classiques. Sur les conseils de Spielberg, il laisse à John Williams le soin de composer la bande originale de son long-métrage et achève ainsi de consacrer définitivement l’utilisation de la musique symphonique au cinéma pour le genre dit du “space opera”.

Lucas voulait, un peu par prétention, un peu par idôlatrie, faire ce que faisait Kubrick.
Dans une émission de 2001 des Chemins de la musique , consacrée à l'odyssée des musiques dans le cinéma de science-fiction, Christian Lauliac et François Angelier discutaient avec Philippe Langlois de l’origine et du rôle de la musique dans la saga Star Wars :