L’image de Léonard de Vinci, construite par lui-même et par Vasari au XVIe siècle, laisse de côté ses intérêts pour les machines de guerre, les fortifications et pour sa carrière militaire. On est loin du rêveur, écologiste avant la lettre, que certains se sont plu à imaginer.
Léonard de Vinci •
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Proposant ses services à Ludovic le More, duc de Milan, Léonard de Vinci vante en dix points ses talents d’ingénieur : construction de ponts, machines de siège, fortifications, bombardes, chars de combat, catapultes... La peinture n’apparaît qu’en fin de liste. Travaillant à partir de sources négligées ou inédites, l’historien Pascal Brioist suit la carrière d’un ambitieux qui parcourt l’Italie dans le sillage des chefs de guerre et des politiques. Qu’il s’agisse de proposer aux fantassins des armes contre la cavalerie ou de perfectionner la poudre à canon, rien ne semble impossible à l’infatigable ingénieur militaire. Fasciné par César Borgia, il devient l’un de ses indispensables collaborateurs. Autour de Léonard, Pascal Brioist fait revivre la prodigieuse vitalité, la brutalité et les raffinements de la Renaissance italienne. Il montre aussi le traumatisme provoqué chez Léonard par son expérience de la guerre avec ses massacres et ses destructions.
Sait-on seulement que plus d’un tiers de ses dessins concernent la guerre, même s’il écrit, et c’est le paradoxe, que "la guerre est une folie des plus bestiales". Sait-on que ce qu’il place en banque après deux ans de service auprès de César Borgia équivaut à tout ce que reçut jamais Michel Ange pour la chapelle Sixtine ? Léonard ne fut pas ingénieur militaire par hasard, en fait il construisit cette carrière sciemment et c’est encore en tant qu’ingénieur et peintre que François Ier le recruta à la fin de sa vie. Il est temps de corriger une vision un peu trop angélique du fameux "génie", une autre notion qui est d’ailleurs sérieusement à questionner.
Léonard de Vinci, l'homme de guerre.
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Léonard, homme de guerre
Une conférence enregistrée en 2016.
Pascal Brioist, professeur d’Histoire moderne, Centre d’Histoire de la Renaissance, Université de Tours.