Présent dans 370 villes à travers 68 pays, le service américain de VTC, né il y a cinq ans au coeur de la Silicon Valley, vient de fêter sa milliardième course. Point d'orgue d'une année dont il a si régulièrement émaillé l'actualité qu'il a même accouché d'un néologisme : l'uberisation, symbole de la transformation numérique de l'économie et par extension, de presque tous les bouleversements de ce monde.
2015 aura été une année faste pour le service de VTC, fort d'une valorisation à plus de 50 milliards de dollars et, désormais, de plus d'un milliard de trajets-clients assurés. Bouleversant les codes du marché du transport autant que le Code du travail - au mépris, bien souvent, des législations en vigueur - Uber s'est imposé en cinq ans comme le porte-étendard de la digitalisation de l'économie. Au point de donner son nom à un nouveau concept : l'uberisation.
Aussi agile fiscalement que perpétuellement innovante, la firme a rebattu les cartes du monde économique, au point que The Economist en faisait sa première Une de 2015, et évoque un nouveau "capitalisme de plateforme". En effet, avec Uber est entré dans notre paysage cette nouvelle pratique qui consiste à mettre en relation, via une plateforme digitale, une entreprise avec une personne payée à la tâche.
Analyse d'un phénomène avec Marion Chantreau et Antoine Mercier, ce jeudi 30 décembre :
Casser le marché du travail, mais à quel prix ?
Tantôt admiré pour sa capacité à faire feu de tout bois (en témoigne le département Uber Everything de l'entreprise basée à San Francisco, et ses spin-offs de plus en plus nombreux que sont UberEats ou encore UberCopter, pour ne citer qu'eux), tantôt vouée aux gémonies par ses détracteurs, la start-up américaine de Travis Kalanick a tout de même dû faire face, cette année, à deux difficultés majeures en France.
Il y a d'abord eu la création d'un syndicat de chauffeurs Uber, une première mondiale, après la violente manifestation du mois de juin dernier à l'issue de laquelle les deux dirigeants d'Uber France avaient été placés en garde à vue pendant 24h, et la très lourde amende - 150.000€ - à laquelle la Cour d'appel de Paris a condamné la branche tricolore de la firme pour "pratique commerciale trompeuse" il y a un mois à peine.
Outre Atlantique, cette méthode Uber qui consiste à casser sans ménagements le modèle du transport n'est pas non plus exempte d'écueils pour la firme désormais courtisée par Facebook, puisqu'un recours collectif de chauffeurs a été validée, en septembre dernier, par le tribunal de San Francisco. Une décision qui ouvrirait la voie à une requalification du statut de milliers de conducteurs en employés, et dont Uber a fait appel.
**** A écouter aussi :
Le Choix de la rédaction du 9 mars 2015, intitulé la méthode Uber
Les Matins d'Été de Nicolas Martin, qui traitaient de la question en juillet