Dans l'article du jour, Montlinot évoque l'orgueil national, et esquisse une comparaison entre France et Angleterre. Il prend l'exemple de l'acte de bravoure du capitaine Surcouf, commandant le navire L'Emilie.

" Si, étranger à l’Europe, je mettais pour la première fois le pied dans ces heureuses contrées, et que je voulusse connaître l’esprit national , je demanderais d’abord quels sont les ouvrages les plus connus du peuple : j’apprendrais qu’en Angleterre on fait depuis un demi-siècle, chaque année, quatre à cinq éditions de Robinson Crusoe ; je concilierais sur-le-champ que cette puissance est maritime , et que l’on cherche à inspirer au peuple le goût des voyages de long cours et à lui donner de bonne heure la trempe d’esprit nécessaire pour en supporter les fatigues et les dangers.
En arrivant en France , je saurais que depuis un siècle on imprimait, chaque année, plus de douze mille exemplaires de la bibliothèque bleue , et que le livre le plus répandu après Richard sans peur, les cantiques de Noël, et Robert le diable, étaient les fables de La Fontaine ; j’en conclurais que ce peuple frivole doit aimer les contes, qu’il est dévotement peureux , et qu’il se sert souvent de l’allégorie , n’osant dire tout simplement la vérité. " Montlinot, La clef du cabinet des souverains, 25 mai 1797.
Lecture par : Hélène Lausseur
Réalisation : Séverine Cassar
En partenariat avec Retronews, site de presse de la BNF.
