Ce soir, nous recevons une actrice dont la silhouette, la voix, la diction, le regard, les choix ou les audaces contribuent à faire du théâtre français ce qu’il ne devrait jamais cesser d’être : un art. Pas juste un savoir faire ou une technique, pas uniquement un divertissement, pas simplement un temps qui s’écoule, égal à n’importe quel autre temps. Non, avec cette actrice, le temps, justement, devient autre. Plus intense, plus intriguant. Ce temps lui ressemble, il est à son image :Anne Alvaro est notre invitée. Anne Alvaro joue, sur la scène de la MC 93 de Bobigny et sous la direction de Chantal de La Coste , "Judith (le corps séparé)" , un texte d'Howard Barker , auteur britannique contemporain qu'elle connaît bien pour l'avoir déjà interprété avec Giorgio Barberio Corsetti à l'Odéon Théâtre de l'Europe.En préparant cette émission, cherchant les mots qui pouvaient la mieux décrire, au-delà de "grande, brune, talentueuse", ce qu'elle est par ailleurs, une évidence m'a frappée : ce qui définit le mieux Anne Alvaro est ce qu'elle-même incarne, avec cette présence qui lui est propre : un certain théâtre français . Ce théâtre est celui qu’on aime : exigeant, étonnant, toujours inattendu, toujours en mouvement. Ce théâtre est aussi la preuve, lorsqu’on se penche sur le long parcours d'Anne Alvaro , que des familles existent, des fidélités mais que des pas de côté, des expériences à la marge sont également possibles.Portrait d'une actrice diva de théâtre que le cinéma convoite également.
On peut voir "Judith, ou le corps séparé ", Texte d'Howard Barker, un mythe biblique mis en scène par Chantal de la Coste, avec Anne Alvaro à la MC 93 de Bobigny jusqu'au 9 juin 2013.
Une rencontre autour deJudith estorganisée à l'issue de la représentation le 2 juin au Théâtre avec les comédiens et Chantal de la Coste.