Pour en finir avec Tintin
ou : Hergé – autrement dit Avec ou sans Tintin, Pour en finir se traduit inévitablement par autant de manières ou matières de commencements . Le sujet de cette émission serait plutôt de relever “ce qui n’en finit pas”. Et de lancer l’hypothèse que c’est d’abord Hergé qui a eu, plus d’une fois, et bien davantage que quiconque, le désir d’en finir avec Tintin .


par Christian Rosset
et Manoushak Fashahi
Prises de son : Romain Lenoir, Romain Luquiens.
Mixage : Bernard Lagnel
Il y eut d’abord un rêve dont, au réveil, ne restaient en mémoire que ces cinq mots Pour en finir avec Tintin , construction mentale formant le titre énigmatique d’une création possible. Il y eut, dans la foulée, la sortie en librairie de la biographie de Guy Debord écrite par Jean-Marie Apostolidès, dont les livres concernant l’œuvre d’Hergé avaient été particulièrement marquants et, à sa lecture, l’idée que frotter comme silex ces deux noms apparemment si éloignés pourrait produire de belles étincelles. S’agrégèrent aussitôt de nombreux souvenirs comme celui d’une visite aux studios Hergé en compagnie de François Rivière qu’Yves di Manno raconte parfois à l’heure où les récits s’échangent. Et la surprise de découvrir dans un entretien récent avec le philosophe Jean-Clet Martin qu’il a “toujours pensé que Le Trésor de Rackham le Rouge était une espèce de forme circulaire assez proche de la Phénoménologie de l’esprit ”.
Il y eut d’autres commencements, comme le désir de faire partager la connaissance de l’œuvre intime d’un artiste très secret, Yves Deloule un collage si spécifiquement pictural que l’idée de tenter de le faire passer par la voix pourrait paraître paradoxale. Avec, en contrepoint, celui d’amorcer quelques pré-échos de Renseignements Généraux , travail en cours du dessinateur Jochen Gerner et de l’écrivain Emmanuel Rabu (initiales G R comme Georges Remi dit Hergé), traitant de la couleur dans les Aventures de Tintin.
Il y eut enfin une rencontre avec deux dessinatrices de bande dessinée, Florence Cestac et Jeanne Puchol, afin de vérifier s’il est vrai que les filles sont moins tintinophiles que les garçons (et si l’absence de femmes dans les aventures occasionne un manque ou non on comprendra bien vite que le problème, s’il y en a un, est ailleurs).
Avec ou sans Tintin, Pour en finir se traduit inévitablement par autant de manières ou matières de commencements . Le sujet de cette émission serait plutôt de relever “ce qui n’en finit pas”. Et de lancer l’hypothèse que c’est d’abord Hergé qui a eu, plus d’une fois, et bien davantage que quiconque, le désir d’en finir avec Tintin .

Avec :
Jean-Marie Apostolidès , essayiste, professeur à l’Université de Stanford (Californie, USA).
Florence Cestac , auteure de bande dessinée.
Yves Deloule , peintre.
Yves di Manno , écrivain.
Jochen Gerner , artiste, auteur de bande dessinée.
Jean-Clet Martin , philosophe.
Jeanne Puchol , auteure de bandes dessinées.
Emmanuel Rabu , écrivain.
Musiques instrumentales : Dmitri Shostakovich, Igor Stravinsky, Ludwig van Beethoven, Duke Ellington par Thelonious Monk et par Archie Shepp.
Musiques concrètes et électroacoustiques : Christian Rosset.

