Au Cameroun, en octobre 2017, des séparatistes ont symboliquement proclamé l'indépendance de la partie anglophone du pays, la baptisant l'Ambazonie. Au cœur des revendications, les fractures linguistiques sont-elles toujours à l'origine de fractures sociales ?

Au Cameroun, depuis quelques mois, ce qu’on appelle « la crise anglophone » se tend. Les manifestations se multiplient, les arrestations pleuvent et Amnesty international comptait déjà 17 manifestants tués au mois d’octobre.
Au cœur du problème : la langue, les langues, et la dénonciation par les minorités anglophones du nord-ouest du pays -environ 20% de la population, soit un peu plus de 20 millions de personnes- des politiques assimilatrices menées par le pouvoir francophone de Yaoundé à tel point que, en octobre dernier, le mouvement séparatiste des zones anglophones a proclamé la naissance d’une « République fédérale d'Ambazonie ».
Et les derniers développements laissent apparaître une telle radicalisation des positions et des acteurs que l’on peut s’interroger sur les conséquences de cette crise. Pourrait-elle aller jusqu’à l’éclatement du pays ? Et comment comprendre que des revendications socio-économiques trouvent refuge dans des identités linguistiques ?
Que nous dit cette crise de l’Etat camerounais et plus largement comment les populations africaines peuvent s’abriter et se retrouver dans des langues qui leur seraient propres ?
Une émission préparée par Marguerite Catton.
Chroniques
Bibliographie
Légitimité, légitimationPresses Universitaires de Bordeaux, 2011
La parole construit le paysChampion, 2014
- chercheur en histoire et en science-politique, doctorant à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Sociolinguiste, professeur associé à l'Université de Calgary au Canada
- Spécialiste de littérature, chargée de recherche au CNRS