Les feux survenus prématurément en Australie, extrêmement difficiles à maîtriser ont plongé une partie du pays dans le chaos. Dans quelle mesure l’Australie constitue-t-elle un laboratoire de l’Anthropocène, expérimentant avant les autres des conditions climatiques extrêmes ?

Plus de 100.000 km2 réduits en cendres, 2.000 habitations détruites, 32 morts. Les feux survenus en Australie, extrêmement difficiles à maîtriser en dépit d’une mobilisation massive, ont plongé une partie du pays dans le chaos.
Pour la première fois, les habitants des grandes villes n’ont pas regardé les incendies à la télévision, mais depuis leurs fenêtres.
Des centaines de millions d’animaux - dont beaucoup appartenaient à des espèces menacées d’extinction - ont péri dans les flammes.
Et si les feux ont toujours existé, la violence de ceux-ci vient illustrer la vulnérabilité du pays face aux changements climatiques. Déjà confronté à des épisodes réguliers de sécheresses, aggravés par la salinisation des rivières, et la diminution de la Grande Barrière de corail, le paysage australien apparaît à nouveau comme la préfiguration cauchemardesque d’une planète réchauffée.
Ironie tragique pour le premier émetteur de CO2 par habitant de l’OCDE, dont la bonne santé économique repose essentiellement sur les activités minières, au premier rang desquelles l’exploitation du charbon, régulièrement encouragée par le Premier Ministre Scott Morrison.
Dans quelle mesure l’Australie constitue-t-elle un laboratoire de l’Anthropocène, expérimentant avant les autres des conditions climatiques extrêmes ?
En est-elle seulement l’icône, les catastrophes qu’elle subit connaissant un retentissement inédit à l’étranger, du fait de sa proximité culturelle avec les Etats-Unis et l’Europe ?
A quel point ces catastrophes sont-elles liées à la spécialisation économique du pays dans l’exploitation des ressources naturelles, et au climato-scepticisme affiché du gouvernement ?
Et comment ces bouleversements affectent-ils la société civile, et en particulier les communautés aborigènes ?
« Dans une époque où l’image est si importante, le feu a une dimension visuelle extraordinaire » Fabrice Argounes.
« L’Australie a donc joué un rôle extrêmement perturbateur dans la lutte contre le changement climatique. » Clive Hamilton
« C’est grâce aux aborigènes que l’Australie est aussi riche en terme biodiversité, car ces peuples-là se sont occupés de l’Australie pendant des milliers d’années. » Barbara Glowczewski
Une émission préparée par Margaux Leridon.
Chroniques
Bibliographie
Rêves en colèrePlon / Terre Humaine , 2018
Les Rêveurs du désert : peuple Walpiri d'AustralieActes Sud, 2017
- enseignant en géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur associé à l’UMR Géographie-Cités
- Philosophe du climat
- – Anthropologue, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des Aborigènes d’Australie