Trente-six ans après sa découverte, les progrès scientifiques ont permis un traitement efficace du sida tout en empêchant sa propagation dans la majeure partie du monde. Les deux tiers des nouvelles contaminations concernent toutefois l’Afrique. Comment comprendre un tel décalage ?

D’après les statistiques mondiales du programme des Nations Unies de lutte contre le VIH, (ONUSIDA) 36,9 millions de personnes vivaient avec le virus en 2017 et 75% d’entre elles le savaient. Sur cinq personnes porteuses du virus, trois recevaient un traitement antirétroviral et seulement 47% avaient une charge virale indétectable.
L’ONUSIDA a fixé des objectifs ambitieux pour 2020
À l’horizon 2020, l’ONUSIDA s’est fixé l’ambitieux « objectif 90-90-90 », destiné à mettre un terme à l’épidémie. 90 % des personnes séropositives doivent savoir qu’elles le sont, 90% des personnes infectées doivent recevoir un traitement rétroviral de long cours et 90 % de ces personnes soignées doivent voir leur charge virale durablement réduite ou supprimée pour ne plus risquer de contaminer qui que ce soit. En Afrique, seulement 40 à 66% des personnes infectées reçoivent un traitement antiviral et l’épidémie continue de se propager puisque que le continent est le théâtre des deux tiers des nouvelles infections.
On attend le vaccin [contre le VIH] depuis tellement longtemps qu’il faut garder espoir mais aussi exploiter au maximum ce que l’on a déjà. Fred Eboko
Alors, à moins d’un an de l’échéance, où en est-on et comment comprendre ce retard ? Est-ce une question de moyens ? De volonté politique ? Les acteurs internationaux – comme le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme - et les Etats africains doivent-ils repenser leur coopération pour en finir avec l’épidémie ? Ou est-ce au tour des communautés locales de prendre le relais de la lutte ?
Une émission préparée par Marguerite Catton.
Extraits sonores:
- Au cours de cette interview, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, souligne l’importance de poursuivre les efforts dans la lutte contre le sida (Monaco Info 10 07 2018)
- Extrait du « Grand reportage » de la rédaction de France Culture diffusé le 01/12/2017 « La société Malienne face au sida », reportage de Tara Schlegel (on entend les voix de membres de l’ONG « Arcad-Sida »)
Extraits musicaux:
- Taiyou ga arukagiri polegnala E pschenitza de DJ Krush (label: Sony)
- Collectif d’artistes Africains : Nous sommes les tamtams (pour une génération sans sida /We are the drums) en 2007. Trente-sept musiciens de toutes les régions d’Afrique se sont joint aux Nations Unies pour produire un album musical de 11 titres visant à susciter et à renforcer la détermination de toutes les personnes vivant sur le continent à vaincre le SIDA, la pauvreté, les inégalités de genre, l’analphabétisme et les conflits. Pariant sur le pouvoir de la musique à toucher les esprits et les cœurs, toutes générations confondues, ces artistes - parmi lesquels on peut citer Manu Dibango, Youssou Ndour, Ismael Lo, Baaba Maal, Coumba Gawlo Seck, Didier Awadi, Salif Keïta, Angélique Kidjo, Koffi Olomidé, Saintrick, Jaojoby, Cheb Mami…- se sont donné pour but d’accélérer les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Chroniques
Bibliographie
Itinéraire d’un médecin africain: Du commencement au début de la fin de l’épidémie du sida en AfriqueÉditions Maïa, 2019
Parcours de vie et de santé des Africains immigrés en FranceLa Découverte, 2017
- politiste, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
- médecin, ancien directeur du programme de lutte contre le Sida de la République du Congo, président honoraire de la Société africaine anti-sida, ambassadeur de l’ONG Mercy Ships pour l'Afrique (navire hôpital de chirurgie de pointe).
- démographe, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).