Le président de la République François Hollande s’est rendu ce mercredi dans la Silicon Valley. Une partie essentielle de son voyage officiel aux Etats-Unis, vu le nombre de dossiers brulants qui opposent les géants du net aux Etats européens: fiscalité, protection des données, exception culturelle, constitutions de monopoles. Autant de sujets qui illustrent le pouvoir de ces « géants du net » et qui remettent en cause la souveraineté des Etats.
Cette semaine, Yahoo annonçait à son tour suivre le modèle de Google en installant son siège européen en Irlande, lui permettant ainsi d’échapper à la fiscalité, beaucoup plus clémente que les autres pays de l’Union Européenne. Ce choix permet aussi à la firme californienne de bénéficier de la législation irlandaise plus souple quant à l’utilisation des données personnelles des citoyens européens.
De plus, en plus, ces anciennes start-up, devenues les premières capitalisations mondiales, constituent de véritables empires et venant titiller la toute-puissance des Etats. En mars 2013, la sénatrice Catherine Morin-Desailly rendait un rapport dans lequel on pouvait lire, je cite : « l’Europe est en passe de devenir une colonie du monde numérique , à la fois parce qu’elle devient dépendante de puissances étrangères et parce qu’il n’est peut-être pas exagéré de dire que le sous-développement la guette. »
Mais de quels outils disposent les Etats pour ne pas céder complètement face à ces entreprises privées? Que peut faire l’Union Européenne? Comment réaffirmer le pouvoir et la souveraineté des vieux Etats face aux géants du Net?
- homme politique socialiste, documentariste, ingénieur de recherche
- correspondant diplomatique du Monde
- Secrétaire général de l’Institut de la Souveraineté numérique.