Le conservatisme est-il le nouvel "anti-système"? Dans l’agenda médiatique, politique: les conservateurs donnent-il le la ? Ce matin: Donald Trump, objet politique non identifié, surfe sur des thèses ultra-conservatrices. Occasion pour nous de tenter de définir la nébuleuse conservatrice américaine.

Dans le monde des idées, dans les manuels scolaires, dans les théories économiques et bien sûr en politique, cette semaine CulturesMonde s'interroge sur la -ou les- nébuleuses « conservatrices » : Intellectuels dits « néo réac », décomplexion de discours " traditionalistes ": l’identité, la sécurité, l’autorité, les « vieilles valeurs », jusqu’à l’influence de théories créationnistes... Les conservateurs ont semble-t-il le vent en poupe. Alors, en filigrane toute cette semaine: D’Est en Ouest, du Nord au Sud : assiste-t-on à une révolution conservatrice ? Le conservatisme est-il le nouvel « anti système » ? Dans l’agenda médiatique, politique…. les conservateurs donnent-il le la ?
Campagne tonitruante, boycott en règle du débat républicain sur la pourtant très conservatrice chaine Fox News, invectives sexistes, racistes, hostilité assumée à l'égard des musulmans... L'ancien magnat milliardaire de l'immobilier est le phénomène des primaires américaines. Mais il est aussi son poil à gratter, pour les républicains comme pour les démocrates, qui ne peuvent plus faire comme s’il était qu’un vulgaire trublion : sa popularité est grandissante, et le " bouffon " a transformé l’essai. Il a d’ores et déjà bouleversé le scénario de la présidentielle. Fait notable en dépit de la tonalité outrancière: la mise à l’agenda politico-médiatique du thème de l’immigration mexicaine. Un thème que l’establishment républicain évitait soigneusement depuis des années… Et pour cause : en 2042, les blancs seront minoritaires. Donald Trump n’en a que faire : pire, il joue sur la peur de cet état de fait : le péril migratoire, et son pendant inévitable : le déclin de la " race blanche" .

Seuls 24% des américains auraient confiance en l'état fédéral. Pour Donald Trump, c'est une aubaine: il fustige l'establishment, au moyen d'un "franc-parler" surtout très franchement populiste, et apparait alors comme l'outsider... Mais les américains sont-ils dupes? De quoi Trump est-il le nom ? S’inscrit-il dans le sillage du conservatisme américain, né en contrepoids du New Deal de Roosevelt et des mouvements de gauche contestataire des sixties ? Est-il le rejeton le plus bankable des fameux Tea parties, qui avaient largement participé de la radicalisation du parti de l'éléphant?* Le cri de rage* et de désespoir des white trash (les blancs issus de classes populaires), qui se sentent lésés, grands oubliés, des deux mandats d’Obama ?
Nous irons aussi du côté de la Pologne, où Jaroslaw Kaczynski, chef du parti nationaliste Droit et Justice (PiS) (vainqueur des élections législatives d'octobre dernier) bien que non au pouvoir, se fait le héraut d'un nationalisme très exacerbé, aux accents très populistes, et mène depuis l'ombre une révolution culturelle conservatrice.
Une émission préparée par Clémence Allezard
Bibliographie
Les républicains au Congrès: la résistible ascension des conservateurs américainsPresses universitaires de Rennes, 2015
Amerikkka, Tome 1: Les Canyons de la MortEditions EP, 2002
- maître de conférences en civilisation américaine à l'Université de Bourgogne / Franche-Comté, enseignant à Sciences Po Lyon
- Auteur
- historien et journaliste