HISTOIRES D'EXTRADITION : LA DIPLOMATIE VUE DU PRETOIRE - 2/4 - L'extradition, au coeur des nouvelles relations France/Rwanda
Le 6 avril 1994, le président de la République rwandaise, Juvénal Habyarimana, était tué lors d’une attaque au missile de son avion. Les circonstances exactes restent, à ce jour, assez largement obscures. Quoiqu’il en soit, cet événement fut le point de départ du massacre de millions de Tutsis en une centaine de jours. Juste après cet assassinat, selon certains témoignages, des Tutsis vivant autour de la résidence présidentielle auraient été massacrés par la garde présidentielle, une garde qui, compte-tenu du contexte, devait se trouver sous l’autorité de la veuve du président : Agathe Habyarimana. Madame Habyarimana quittera le pays quelques jours plus tard, mais c’est sur son implication dans les massacres des premiers jours que d’aucuns voudraient bien l’entendre. C’est la raison pour laquelle le Rawanda demande son extradition à la France où elle est réfugiée depuis de longues années maintenant. Or, il y a quelques jours, le 28 septembre dernier, cette demande a été refusée par la cour d’appel de Paris, et son cas n’est pas isolé.
Les présumés génocidaires rwandais qui vivent en Europe sont nombreux, et la question de leur extradition se pose d’autant plus ces derniers mois, avec le réchauffement des relations entre Paris et Kigali. En effet, Nicolas Sarkozy s’était rendu à Kigali l’année dernière, affirmant que les responsables devaient être poursuivis. De son côté, Paul Kagamé est venu en visite à Paris en septembre dernier.
Alors que peut-on attendre de ce « réchauffement diplomatique » ? Est-il raisonnable d’imaginer que la justice procède à des extraditions vers le Rwanda ? Ou bien alors que des procès attendus depuis tant d’années soient instruits ?
Avec André Guichaoua, professeur à l'université Paris 1, auteur de Rwanda, de la guerre au génocide , La Découverte, 2010.
Et Jacques Kabalé , ambassadeur du Rwanda en France.
Les Dernières Diffusions
- professeur de sociologie à l’université Paris 1.