Présenté comme une opportunité notamment pour les jeunes, l'auto-entrepreneuriat offre-t-il vraiment des chances ?

C’est indéniablement un succès : depuis son apparition en 2008 dans la loi de modernisation de l’économie, le régime de l’auto-entrepreneuriat a séduit plusieurs centaines de milliers de personnes. Fin 2016, ils étaient 1.119.000 à être inscrits. Il faut dire que la démarche est simplissime. Peu de formalités, quelques clics sur un site dédié et vous voilà dans la peau d’un petit chef d’entreprise, avec votre personne comme unique employé, ce qui facilite sans doute la cohabitation.
Mais derrière cette réussite quantitative se cache un tableau beaucoup moins engageant sur le plan qualitatif. Si l’auto-entrepreneuriat permet à certains de compléter leurs fins de mois, rares sont ceux qui réussissent à en vivre. Cette forme de travail n’est souvent qu’un pis-aller pour une population qui ne parvient pas à accéder autrement au marché de l’emploi. Elle masque aussi une forme de salariat qui ne dit pas son nom, lorsque des donneurs d’ordre imposent ce statut en échange d’un travail. Le fameux débat sur l’ubérisation de la société en est une des illustrations.
"Auto-entrepreneurs : les nouveaux prolétaires ?"
Liens
- Documentaire LSD : "Le salariat n’est pas mort, il bouge encore : Tous patrons !" (France Culture - 2017)
- "Chauffeurs Uber : au volant avec les prolétaires 2.0, « entrepreneurs » pour 3,5 euros de l’heure" (Bastamag - 2017)
- Site de la Fédération des auto-entrepreneurs FEDAE
- "L’autoentreprise, le nouveau sas vers le CDI" (Le Monde - 2016)
Vidéo de La Quotidienne : "Régime auto-entrepreneur : est-il si avantageux ?"
Bibliographie
Le Grand Paris du séparatisme social : il faut refonder le droit à la ville pour tousPost-éditions, Paris, 2015
- Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris Dauphine (Irisso-PSL)
- Chercheur indépendant et journaliste
- Porte-parole de la Fédération des auto-entrepreneurs