L'Elysée va-t-il mettre fin au grand bazar de la filière nucléaire française ? Depuis le début de son mandat, le président de la République s'applique assidûment à promouvoir notre industrie nucléaire civile. Grâce à l'investissement massif de l'Etat dans les années 70, la France dispose en effet d'un secteur compétitif - qui la distingue des autres pays industrialisés. Au moment où Paris connaît un déficit commercial inquiétant, la vente de grands équipements nucléaires peut à la fois conforter l'avance technologique française et fournir devises et emplois. Dans ses tournées dans le Golfe et en Asie, Nicolas Sarkozy s'est à plusieurs reprises fait le chantre de l'énergie nucléaire au point qu'on pouvait parler d'une diplomatie des réacteurs. Pari risqué que celui de l'Elysée et, à ce point de vue, l'échec à Adou Dhabi du consortium français, rebaptisé le « pack de l'équipe de France », a tout d'une catastrophe. En effet, en dépit de sa conviction qu'elle présentait le projet de centrale le plus abouti technologiquement et le plus sûr, la maison France, composée d'Areva-GDF Suez et Total, auquel s'est rajouté sur le tard EDF, s'est vu infligé un très sérieux rappel à l'ordre ; le contrat d'une vingtaine de milliards d'euros a été finalement remporté par le groupe public sud-coréen. Ce revers suscite de nombreuses interrogations sur les causes de l'échec français. Est-ce l'organisation de la filière française qui est entièrement à revoir ? L'obsession de maintenir des champions nationaux n'a-t-elle pas joué finalement contre les ambitions françaises ? Enfin, le meccano industriel piloté par l'Elysée au travers de la figure d'Henri Proglio, nouveau patron d'EDF, est-il crédible ?
- fondateur et directeur de l’École de guerre économique
- économiste, membre du Cercle des économistes et éditeur (Editions Descartes)
- Economiste, directeur de recherche au CNRS