"Nous ne pouvons pas changer notre passé, mais nous pouvons apprendre de ce qui a été vécu", a déclaré l'actuelle présidente chilienne, Michelle Bachelet lors de l'inauguration du musée de la Mémoire et des Droits de l'homme, ce lundi à Santiago. L'ouverture de cet espace dédié aux victimes de la dictature du général Pinochet avait bien sûr une résonance politique toute particulière à quelques petits jours du second tour de l'élection présidentielle, dont on déclare d'ores et déjà le caractère historique. En effet, après 20 ans pendant lesquels la Concertation, la coalition qui regroupe les démocrates-chrétiens et les socialistes s'est maintenue au pouvoir, les sondages annoncent une victoire probable de la droite. Pendant la cérémonie d'ouverture du musée, une partie du public a d'ailleurs apostrophé l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, pour le soutien qu'il a apporté au candidat conservateur Sebastian Pinera. Lundi soir, ce même Pinera n'aurait pas exclu, s'il était élu, de faire appel à des fonctionnaires ayant servi sous la dictature. Alors certes les jeux ne sont pas faits ; hier, la Concertation a reçu l'appui crucial du candidat indépendant fort de 20% des voix au premier tour, mais quel que soit le résultat, cette élection, dimanche, aura montré un nouveau visage de la démocratie chilienne ; la possibilité même de l'alternance renvoie tout autant le pays à ses démons qu'elle montre un signe de maturité de la démocratie. Comment interpréter ce coude-à-coude qui est sans doute l'épisode conclusif de la longue transition chilienne, c'est bien toute la difficulté...