En l'espace de quelques semaines, la République nous aura donné l'exemple de deux figures politiques on ne peut plus différentes. D'un côté, un ancien premier ministre, drapé dans toute la splendeur que confère encore en France la chose politique, prononçant cette phrase définitive : « un ministre, ça ne complote pas ». De l'autre, un homme d'Etat en exercice mis en demeure de préciser non seulement la nature de ses goûts sexuels, mais aussi le choix de leurs objets. On peut juger ridicule la posture de dignité toute romaine adoptée par Dominique de Villepin, on peut aussi regretter d'être devenu le confident gêné des frasques de Frédéric Mitterrand Alors que le corps des politiques sature l'espace public, joggings présidentiels, liaison fictionnelle avec une princesse britannique, la polémique autour du livre du ministre de la Culture soulève, on le sent bien, autre chose que la question du brouillage entre le public et le privé, brouillage déjà ancien même s'il est parfois mal digéré. L'ouvrage de Frédéric Mitterrand affichait une intention littéraire et la posture de l'écrivain tolère, voire appelle, toutes les transgressions. D'un ministre de la République, on attend en revanche le respect de l'ordre, une forme de la moralité, ....bref les qualités d'un écrivain peuvent facilement devenir les défauts d'un ministre. Faut-il pour autant tomber dans l'illusion de la transparence ? Ne sommes-nous pas en train de nous préparer une classe politique exclusivement composée de pères-la-pudeur qui ne nous épargneront aucun détail de leur vie familiale forcément exemplaire ?
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- journaliste et écrivain
- Chercheuse, philosophe, auteure et ancienne députée italienne. Professeure des Universités Paris Descartes SHS et Sorbonne Paris Cité.
- auteur de romans et d'essais
- philosophe, spécialiste de la philosophie allemande et de la philosophie contemporaine, et professeur à l'école Polytechnique