Elle est prête. S’il le faut, Marine Le Pen ira à Matignon. Puis à l’Elysée. Voilà ce que répète la présidente du Front national depuis la rentrée. Prête à devenir la première ministre de François Hollande, prête à jouer le jeu de la cohabitation : au nom de la responsabilité et du respect des institutions.
Il y a encore quelques mois, une telle déclaration d’intention aurait seulement fait sourire. Plus aujourd’hui. Certes, l’hypothèse d’une arrivée au pouvoir du FN ne parait pas encore crédible à court terme (le Front National n’a que deux députés, il lui faudrait franchir plus qu’un gouffre pour obtenir la majorité, même relative, à l’Assemblée). Mais à plus longue échéance, cette perspective, impensable du temps de Jean-Marie Le Pen, devient possible avec sa fille, surtout depuis que la formation qu’elle dirige est devenue, au moins provisoirement, le premier parti de France, à la faveur des élections européennes.
Elle est prête donc. Mais les autres le sont-ils ? Le Front national revendique aujourd’hui 74 000 adhérents, parmi lesquels de nombreux jeunes. Il dirige une douzaine de villes, compte plus de 1500 conseillers municipaux. Deux députés mais pas de sénateur, 24 parlementaires européens mais pas de groupe politique. Pas de quoi, a priori, former un gouvernement.
« Le Front national est-il aux portes du pouvoir ? »
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- Historienne, chercheuse associée à l'Institut d'histoire du temps présent, directrice adjointe de Conspiracy Watch
- Maître de conférences en science politique à l'université de Tours, rattaché au Laboratoire d'étude et de recherche sur l'action publique (LERAP)
- Journaliste au Monde