Près d'un ouvrier sur deux ayant l'intention de voter s’apprête à le faire pour Marine Le Pen en avril prochain. Pour autant, cela fait-il du FN le premier parti ouvrier de France ?

L’élection présidentielle n’est pas seulement une compétition entre candidats. Elle l’est aussi pour les innombrables groupes d’intérêt qui profitent de l’occasion pour faire entendre leurs revendications. Cela fonctionne souvent par secteur d’activités : les agriculteurs, les artisans, les commerçants, les professionnels de santé… Cela fonctionne aussi par grandes familles sociologiques : que prévoient les candidats pour la jeunesse, les retraités, la banlieue, etc…
Dans cette course à la visibilité médiatique, les ouvriers ne sont pas –loin s’en faut- les plus exposés. Ils représentent pourtant encore 13% de la population française. Mais, peut-être du fait de leur diversité, sans doute aussi en raison de la crise économique qui a affaibli leurs effectifs, ils sont peu présents aujourd’hui dans le débat public.
Faut-il voir dans cette forme de relégation médiatique une des raisons du succès du Front national chez les ouvriers ? Une note de la Fondation Jean Jaurès (publiée hier) estime à 43 % la proportion de ceux qui, ayant l’intention de voter au 1er tour de la présidentielle, le feront pour Marine Le Pen. Position "hégémonique" dans cette catégorie de la population selon l’auteur de la note, le politologue Jérôme Fourquet.
"Le FN est-il un parti ouvrier ?"
Liens :
- Jérôme Fourquet "Radiographie des votes ouvriers" (Fondation Jean Jaurès - 2017)
- Willy Pelletier "FN des villes, FN des champs" (L'Humanité - 2017)
- Valérie Igounet « Le discours du FN est passé de "ni droite ni gauche" à "et de droite et de gauche" » (Regards - 2017)
- Philippe Reltien "Comment le Front national capte-t-il l'électorat de gauche ?" (France Culture - 2017)
Bibliographie
L'illusion nationaleLes Arènes, 2017
Les Français d'abord : Slogans et viralité du discours Front national (1972-2017)Inculte-Dernière marge, 2017
- Politologue, enseignant-chercheur à Sciences Po Grenoble, spécialiste du vote ouvrier
- Historienne, chercheuse associée à l'Institut d'histoire du temps présent, directrice adjointe de Conspiracy Watch
- Sociologue et coordinateur général de la Fondation Copernic