Alors qu'un an a passé, les émeutes de novembre 2005 continuent d'occuper les esprits. Les nouveaux troubles, l'incendie du bus à Marseille au premier chef, sont vécus sur le mode du « attention, ça recommence ». Aux dires de la police elle-même, les tensions sont toujours fortes dans les quartiers concernés. Il faut dire que peu de chose ont changé depuis l'année dernière. Les politiques ont oublié les banlieues depuis plusieurs années déjà et les émeutes ne sont pas même parvenues à ouvrir de nouveaux débats. Pas de révolution à l'horizon en matière de politique de la ville, peu d'inflexion sensible dans l'aide aux associations, aucun changement dans le fonctionnement et les méthodes de la police, et même bien peu de réflexions sur la spécificité française de ces jeunes majoritairement issus de l'immigration mais aux origines hétérogènes. Pourtant, plus d'une vingtaine d'ouvrages ont été publiées sur les émeutes, preuve que le sujet a été pris au sérieux par les intellectuels, experts et universitaires en tout genre. L'un des points de divergence, sans doute le plus fort, porte sur le caractère politique ou non de ces violences urbaines. Jacquerie ? Révolte des pauvres? Insurrection d'un sous-prolétariat qui aspire au changement ? Soulèvement ethnique ? Guerre contre la police ou pire contre la République ? On entend bien qu'aucune de ces formulations n'est totalement satisfaisante. Et c'est bien pourquoi ces émeutes n'ont pas fini de faire couler l'encre. Ni de faire parler.