Dans quel état sera la Sécurité sociale l’an prochain, au moment de fêter son 70e anniversaire ? A en juger par les attaques dont fait l’objet l’institution ces derniers temps, on peut presque s’attendre à des cérémonies funèbres. Les désaffiliés de la Sécu n’ont jamais fait autant parler d’eux dans les médias les organisations patronales mettent leurs difficultés sur le compte de la protection sociale quant aux parlementaires de tous bords, ils s’empoignent chaque année, à l’automne, sur les économies à réaliser pour combler le fameux trou (près de 15 milliards d’euros en 2015 pour le régime général).

On est bien loin, c’est certain, de l’élan réformateur de 1945. La Sécurité sociale n’était pas encore un simple guichet, mais un instrument au service d’un projet collectif, visant à favoriser l’émancipation politique et sociale des individus, en leur offrant davantage de sécurité. Un projet fondateur pour notre démocratie. C’est en tout cas la trace laissée dans nos mémoires par le roman national de la Libération.
D’un côté donc, la célébration nostalgique du mythe de l’autre, l’obsession économique de la discipline budgétaire. Et la question politique dans tout ça ? Disparue. Une absence qui pèse sans doute beaucoup dans l’éloignement actuel entre l’institution et ses bénéficiaires.
« Peut-on encore combler le déficit démocratique de la Sécu ? »
C'est notre sujet du jour.
Suivez-nous aussi sur
- Directeur de l'École nationale supérieure de la Sécurité sociale (EN3S) et ancien directeur de la Sécurité sociale (2002-2012).
- Professeure de sociologie et membre du Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (LISE), unité de recherche du CNRS et du Cnam.