Peut-on ne pas rater l'éducation de ses enfants ?
Parentalité. Le néologisme s'est imposé dans le discours médiatique. Mais qu'est-ce qu'être un "bon parent" ? A quelle aune mesurer une éducation réussie ? Dans ce nouvel environnement de normes et de valeurs sociales, qui des parents ou des enfants sont soumis à la plus forte pression ?

Pourquoi n’aimons-nous pas les enfants des autres ? Jusqu’à ces derniers mois, j’aurais répondu : à cause de leur absence totale d’éducation. Cette façon qu’ils ont de ne pas finir leur assiette, d’oublier d’enlever leurs chaussures en appartement, de ne pas vouloir aller se coucher et d’avoir pour seul mode d’expression le cri strident : voilà qui est insupportable. Mais ces enfants là ont au moins un mérite : ils vous réconfortent. Finalement, nous ne nous en sortons pas si mal avec les nôtres. Non, les pires, ce sont les enfants parfaits. Ils sont polis, mangent leurs 5 fruits et légumes par jour, sont premiers de la classe (avec un an d’avance), parlent anglais couramment. Et s’ils ne consacrent que 3 heures par semaine à l’étude du piano, c’est pour leur laisser le temps d’être bénévole dans une association d’aide aux personnes âgées. Ces enfants-là, pour un peu, nous feraient regretter l’interdiction (récente) de la fessée. Car ils nous renvoient à ce que nous sommes : de mauvais parents. C'est-à-dire des parents qui ont renoncé à être les plus performants.
Liens :
Delphine Chauffaut et Sandrine Dauphin, Normes de parentalités : production et réception, revue Politiques sociales et familiales n°108, juin 2012 https://www.caf.fr/sites/default/files/cnaf/Documents/Dser/PSF/108/psf108-2-dchaufaut_sdauphin.pdf
Bibliographie
« Être un bon parent ». Une injonction contemporaineClaude Martin et CollectifPresses de l'EHESP, Rennes, 2014
De l'enfant roi à l'enfant tyranDidier PleuxOdile Jacob, 2002
Parents sous influence.Odile Jacob, 2016
Existe-t-il une éducation suffisamment bonne ?In Press, 2013
- écrivain
- sociologue de l'éducation
- psychothérapeute
- réalisatrice et monteuse