Ils sont des milliers d'Érythréens à fuir leur pays, certains pour rejoindre l’Europe, d’autres pour se réfugier ailleurs en Afrique. Leur drame : vivre dans un pays invivable, un régime totalitaire. Le totalitarisme semblait pourtant devoir disparaître avec le XXe siècle. Pourtant, il "résiste", comme le montrent encore la Corée du Nord ou le Turkménistan.

Ils ne fuient pas la guerre comme les Syriens. Ils ne fuient pas la misère, en tout cas pas seulement. Les Erythréens, qui par dizaines de milliers cherchent à quitter leur pays pour un autre refuge en Afrique ou en Europe, veulent d’abord échapper à un système. A une mécanique qui fait de chacun d’entre eux un ennemi potentiel du pouvoir. Donc de celui qui le dirige depuis l’indépendance du pays, en 1993 : Issayas Afewerki. L’Erythrée fait partie de ces régimes qu’on croyait voir abolis avec l’avènement du XXIe siècle : les régimes totalitaires. La chute du Mur devait en emporter les derniers vestiges.
Aujourd’hui pourtant, outre l’Erythrée, on peut ajouter à la liste la Corée du Nord, ou encore le Turkménistan. Certes, ces pays n’ont rien de commun, en termes de puissance, donc de nocivité, avec ceux qui les ont précédés au siècle dernier. C’est d’ailleurs peut-être une des raisons de leur existence : ne faisant plus vraiment peur, ils ne sont que faiblement combattus. Mais on peut aussi se demander si cette forme d’exercice du pouvoir, et d’asservissement des peuples, n'est pas consubstantielle de notre modernité.
« Pourquoi y a-t-il encore des régimes totalitaires ? »

La Fédération Internationale des ligues des Droits de l'Homme (FIDH) : 178 organisations de défense des droits de l'homme à travers le monde
ERENA, Radio Erythrée internationale
- philosophe et juriste, chargé de mission «affaires transversales et sécurité» au Centre d’analyse, de prévision et de stratégie du Quai-d’Orsay
- Responsable du bureau Afrique de la FIDH
- philosophe, maître de conférences en science politique à l'université Panthéon Assas