L’a-t-il vraiment dit ? Et s’il l’a vraiment dit, l’a-t-il vraiment pensé ? François Hollande, le président qui disait ne pas aimer les riches, n’aimerait pas non plus les pauvres. Les réseaux sociaux se gargarisent depuis une semaine de l’expression « les sans dents ». Moqueries, indignation : mais comment peut-on parler ainsi des plus démunis ?
On notera toutefois que cette vague de réprobation ne s’est pas accompagnée d’un intérêt médiatique plus poussé pour ces populations. Les statistiques de l’INSEE, publiées hier, et qui témoignent à la fois du recul du nombre de pauvres en France, et d’une augmentation de l’intensité de la pauvreté, n’ont eu droit qu’à de maigres développements. Question de saison peut-être : il faut en général attendre les premiers grands froids pour que le sujet soit approfondi.
Le fait d’en parler ce soir ne nous rend pas plus vertueux. Ni moins hypocrite à l’égard de cet individu, le pauvre, qu’on ne sait pas très bien comment aborder. C’est justement notre rapport à la pauvreté que nous allons examiner ce soir, et les nombreuses idées reçues autour de ce sujet.
« Savons-nous parler des pauvres ? »
C’est notre sujet du jour.
Le focus de Mélanie Chalandon :
La semaine prochaine sera lancé un nouveau magazine, Debout , non pas sur la pauvreté mais à destination de ceux qui en souffrent. Nous avons demandé à sa fondatrice, Violaine du Châtellier , si le magazine a une manière spécifique de s'adresser à son public :
Si le discours est adapté, il n'enferme pas pour autant son lectorat dans une catégorie qui le couperait du reste de la société :
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- Rédacteur en chef du mensuel Feuille de route - ATD Quart Monde
- professeur associé à Sciences Po
- historienne, sociologue, chercheuse au Centre Norbert-Elias (Marseille), membre de l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale (ONPES) et du conseil scientifique du Comité d’histoire de la sécurité sociale.