Pages arrachées au journal inédit de Michel Leiris
Jean-Louis Trintignant incarne Michel Leiris, le temps d'une lecture.

Pages arrachées au journal inédit de _*Michel Leiris
*_Réalisation **Claude Guerre
Lecture par **Jean-Louis Trintignant
"Dernier signe que j'aurai adressé à ceux des miens qui me survivront" - Michel Leiris -
Tenu d'octobre 1922 à novembre 1989 le journal de Michel Leiris n'est intime qu'en raison d'une classification commode. Ni mémoires, ni chroniques, ni "confessions", mais journal à bâtons rompus, comme cela peut se dire d'une conversation, qui confère de la présence, donne de la voix à ce document. En même temps qu'elles éclairent sous divers angles, à différents moments d'élaboration, une oeuvre qui s'est voulue essentiellement autobiographique, ces pages réfléchissent les grands mouvements de pensée et de création auxquels Michel Leiris a adhéré : du surréalisme à l'existentialisme, en passant par la psychanalyse et l’ethnologie. Ces "bonnes feuilles" seront lues par Jean-Louis Trintignant pour répondre à un vœu de Michel Leiris : c'est la voix dont il avait rêvé pour ses textes. Tout au long de ces pages, c'est sur le sens autant que sur la fonction d'une telle entreprise que Leiris s'interroge. Notées au jour le jour avec des interruptions allant parfois jusqu'à des mois voire des années - périodes où il se trouve en voyage ou en mission ethnographique, mais qu'il a retracées dans des carnets - les observations et réflexions sont plutôt celles d'un journal d'enquête dont soi-même serait devenu l'objet. A ce titre, elles relèvent moins d'une pratique de l'aveu ou de la confession que d'une technique d'investigation : se faire, en quelque sorte le témoin extérieur de ce qui se déroule en soi, projeté sur ces pages son propre reflet, "d'une manière absolument concrète", en une suite rien qu'ordonnée par le temps et les circonstances de pièces à conviction. Un titre auquel Michel Leiris avait songé pour l'un de ses écrits aurait pu être donné à ce journal : c'est à dire. De même que l'Afrique fantôme avait fait éclater les conventions du "Journal de voyage", de même cet ultime et, à la fois, originel écrit de Michel Leiris rompt-il avec celles des conventions du "Journal intime" de l'écrivain. Bien qu'il fût écrit pour être publié après sa mort, il n'a guère été retouché. Pensées et impressions sont ainsi livrées à l'état brut. Récits de rêves, idées de titres, bagatelles, radicelles, gloses, poèmes constituent la seule matière de bien des journées, et témoignent de ces tours de main auxquels Leiris était parvenu pour faire rendre gorge aux mots.
Bibliographie
Journal 1922 - 1989Michel LeirisGallimard, 1992

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