La revue du web de Thomas Cluzel 16/06/11
Par Thomas CLUZEL
Grèce à vendre ... Le titre barre la une ce matin du journal LIBERATION ... La tragédie grecque se poursuit écrit dans son éditorial Nicolas Demorand … Dans une boucle étrange … le pays qui a inventé la démocratie nous met ainsi sous les yeux … la double impasse de l'économie et de la politique dit-il ... Sans compter ces images au symbolisme vertigineux venues tout droit d'Athènes : la foule des indignés assemblée depuis des semaines sur l'agora juste en face du Parlement ... Entre les deux ... un immense espace désert … protégé par les forces de l'ordre ... Dès-lors ... comment dire plus clairement la disjonction du peuple et de ses élus ? ... Le vide qui désormais occupe le cœur de l'espace politique grec interroge le journaliste ? … Et de préciser … si la rigueur économique peut être admise comme un mal nécessaire ponctuel … elle ne saurait être en revanche le seul horizon ni le destin d'un pays.
Hier dans ce Woodstock à la grecque … bande de jeunes … familles avec enfant … retraités … militants d’extrême gauche et anciens combattants revêtus de la traditionnelle fustanelle … tous étaient donc réunis dans une ambiance festive mais combattive ... écrit pour sa part le correspondant du journal … Il y a tant de désespoir … de colères … tant de larmes explique notamment cette jeune manifestante … Des milliers de Grecs dans la rue donc ... pour dire haut et fort que leur pays n’est pas à vendre … contrairement au titre provocateur de Libé et ce ... même si la Grèce précise pour sa part Christophe Alix toujours dans les colonnes du quotidien apparait pourtant bel et bien chaque jour un peu plus près du gouffre.
Alors dans ce contexte ... il faut un sacré courage pour s'accrocher aujourd'hui à la barre du vaisseau fantôme grec et visiblement ... Georges Papandréou n'en manque pas renchérit Michel Lepinay dans PARIS NORMANDIE ... Progressivement dit-il ... l'étau du drame vécu par la Grèce se referme sur lui ... Arrivé à la tête d'un pays que ses prédécesseurs avaient conduit aux portes de la faillite ... il est contraint de mener une politique aux antipodes de ses aspirations ... De pousser dans la rue les couches populaires qui avaient pourtant cru en lui ... qui espéraient un peu plus de bien-être et qui subissent in fine les coups terribles d'une rigueur impitoyable sous sa houlette ... Car à la faveur de la crise de la dette et des mouvements spéculatifs qu'elle provoque ... c’est tout le système financier en réalité qui est en train aujourd’hui de prendre le pas sur les dirigeants politiques poursuit l’article … des politiques incapables désormais de reprendre la situation en main et de mener les politiques pour lesquelles ils ont été élus.
Quand la finance fait sa loi écrit encore ce matin Hervé Nathan sur le site de l’hebdomadaire MARIANNE … Le sort des Grecs parait se jouer soit dans la rue à Athènes … soit dans les couloirs de la Commission de Bruxelles ... Mais c'est une illusion prévient le journaliste … car le pouvoir réel est ailleurs … entre les mains des agences de notation financière mais aussi dans celui des grandes banques internationales qui ont mis en place leurs propres critères … voire leur propre juridiction ... Dans plusieurs avertissements convergents … les désormais célèbres agences de notation qui n’avaient rien vu à redire des produit subprimes jusqu’en 2007 ont annoncé qu’à la moindre modification dans les termes des obligations d’Etat … elle déclareraient la Grèce en « défaut de paiement » … ce qui interdirait donc à Athènes de lever le moindre euros sur les marchés … ruinerait les banques et l’économie grecques … et poseraient aussi quelques problèmes aux grandes banques allemandes et françaises ... Autrement dit les agences qui cotaient les emprunts subprimes triple A sont les mêmes qui se montrent aujourd’hui intransigeantes face aux Etats ... Et l’article de conclure … la finance a créé sa propre loi et sa propre justice .... Et les institutions politiques européennes … qu’il s’agisse de la Commission … de la BCE ou des gouvernements des Etats membres acceptent à présent d’être liées par le jugement d’organismes privés ... Jusqu’à quand ?
Jusqu'à quand les désormais célèbres agences de notation vont-elles faire la pluie et le mauvais temps ? interroge lui aussi Bruno Dive ce matin dans les colonnes de SUD OUEST … Ces donneurs de leçon n'ont pourtant pas toujours brillé … ni par leur clairvoyance … ni par leur honnêteté .... L'une d'elle avait même conseillé les dirigeants d'Athènes pour les aider à maquiller leurs comptes et à dissimuler l'ampleur de leurs déficits rappelle le journaliste ... Alors c'en serait presque cocasse si derrière tant d'arrogance et de couardise ne se nouaient des drames humains … des risques de faillite d'Etats tandis que la spéculation elle s'en donne à cœur joie … encouragée par les prédictions des agences de notation ... Celles-ci se targuent de n'être qu'un thermomètre ... Alors si tel est le cas c'est bien la première fois écrit Bruno Dive que l'on voit un thermomètre aggraver la maladie … Il est décidément temps que les Etats reprennent la main ... En réduisant leurs déficits bien sûr ... Mais aussi … en finançant leur endettement par d'autres moyens que le recours aux marchés qui a assuré la toute puissance de ces médecins de Molière des temps modernes.
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