La Chine marque de l'empreinte de ses signes la vie de Segalen, mais aussi son oeuvre poétique et littéraire.

Victor Segalen a voyagé en Chine de nombreuses fois, s'y est temporairement installé, a participé à des découvertes archéologiques, et a marqué son oeuvre du sceau d'une civilisation fondée sur la puissance du signe. Pour aborder ces aspects, nous recevons Jean-François Louette et Pierre Glaudes, tous deux professeurs de littérature française à Sorbonne Université, et auteurs de deux articles parus dans le Cahier de l'Herne consacré à Victor Segalen : "L'invention du Fils du Ciel" et "René Leys et le double jeu".

Mais c'est d'abord dans le recueil poétique Stèles que se joue l'influence de la Chine sur Segalen : avec cette forme typographique inédite, qui reprend la tradition des stèles chinoises, encadrées par des caractères, le poète est à la fois moderne et héritier des traditions.

Avec Le Fils du Ciel - titre honorifique porté par certains souverains, Segalen semble se donner pour défi de ressusciter les Empereurs, en donnant le récit des événements du règne de Kouang-Siu mêlés à des intuitions imaginaires. On y retrouve aussi l'écho de la poésie occidentale : Rimbaud, Mallarmé ou encore Larmartine.
Il y a également quelque chose de nervalien dans le Fils du Ciel, avec la place de la folie et du passé qui nous hante. - Jean-François Louette.
Dans René Leys, Segalen opère un jeu entre l'identité du personnage, René, et celle du narrateur qui porte son propre nom et qui est en Chine pour tenter d'élucider le mystérieux décès de l'empereur Guangxu, mort en 1908 soit un an avant l'arrivée de Segalen en Chine. Le personnage de René Leys est donc un jeune belge, qui raconte au narrateur des histoires mystérieuses et merveilleuses sur le Palais impérial, qui attisent sa curiosité.
On retrouve dans René Leys un écho au motif d'Hippolyte à cheval, présent dans la pièce de Racine. - Pierre Glaudes.
Dans ces deux ouvrages se dessinent un rapport complexe à l'espace : un espace sacré que l'on désire pénétrer, une confrontation singulière entre le dedans et le dehors ; ainsi que l'identité d'un mystérieux narrateur-écrivain qui hérite du Hamlet de Shakespeare.
Pour aller plus loin : les actualités liées à Victor Segalen sur le site de l'Association Victor Segalen.
A 15h30 : retrouvez la chronique présentée par Maialen Berasategui, critique littéraire.
A 15h55 : Jacques Bonnaffé poursuit ses lectures de textes de Jean-Louis Giovannoni, issus de plusieurs recueils.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction)
MUSIQUE CHRONIQUE : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat)
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Chroniques
Bibliographie
Victor Segalen - Cahier de l'HerneCahier de l'Herne, 2019
René Leys, éd. et prés. Sophie LabatutParis, Gallimard, « Folio classique », 2000
- Professeur de littérature française du XXe siècle à la Sorbonne
- Professeur de littérature générale à l'Université Paris IV-Sorbonne
- journaliste littéraire