Diminution des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution des sols, de l'eau, de l'air, déforestation rapide, sans oublier, bien sûr, le changement climatique d'origine anthropique. En ces domaines, tous les indicateurs sont alarmants et toutes les projections sont inquiétantes.

Aujourd'hui, qu'allons nous faire de l'angoisse écologique ? Que se passe-t-il donc ? Qu'est ce qui, dans le monde d'aujourd'hui, se construit ? Qu'est ce qui s'y détruit ? Nous l'ignorons pour une grande part, mais c'est paradoxalement parce que nous avons compris quelque chose. Nous avons compris que par des boucles nouvelles et inattendues, nous allons de plus en plus dépendre de choses qui dépendent de nous.
Dès lors, comment savoir ce qui va se passer si ce qui va se passer dépend en partie de ce que nous allons faire ? Nous sommes désormais conscients que nous grignotons de plus en plus avidement le fruit terrestre de taille finie qui nous porte, mais nous ne savons pas comment enrayer cette mauvaise tendance. Alors nous pressentons que cet avenir même que nous sommes en train d'anticiper par nos actions aussi bien que par nos inactions, pourrait se révéler radicalement autre. Et au fond de nous mêmes, nous le craignons.
Que nous devons faire, de ce que nous apprennent les scientifiques à propos de l'évolution de l'environnement ? Comment intégrer politiquement cette nouvelle donne ?
Régis Debray, écrivain et philosophe, nous éclaire sur le concept d'angoisse écologique, à l'occasion de la sortie de son nouvel ouvrage sur le sujet : Le siècle vert. Un changement de civilisation (Gallimard, 2020).
"Un spectre hante l'Occident : l'effondrement du système Terre. Toutes les puissances du monde ancien cherchent à conjurer ou contenir l'inquiétude montante. Partout, la jeunesse scolarisée se soulève avec - de Berlin à Rome, de New York à Paris, de Madrid à Manchester - un seul cri. Assez de discours. Des actes. L'avenir accuse désormais le passé et convoque Prométhée à la barre. Parce qu'on ne saura plus demain ce qu'est un bonhomme de neige, une source d'eau potable ou une plage de sable fin. Nous avions connu les Internationales de l'espoir. Nous découvrons l'Internationale de l'angoisse." Régis Debray, Le siècle vert (2020)
La nature, c'est ce qui ne dépend pas de nous. Je reprends la définition stoïcienne : la nature existe sans nous. Après tout, moi, je suis matérialiste. La matière existe indépendamment de la conscience. La nature, c'est ce qu'on doit subir, ce sur quoi on n'a pas prise. Régis Debray
Les Dernières Diffusions
Bibliographie
Le siècle vert : un changement de civilisationRégis DebrayGallimard Tracts, 2020
- Philosophe et écrivain.