Elisabeth Philippe, Elisabeth Franck-Dumas, Lucile Commeaux et Arnaud Laporte se disputent ce soir autour d'un recueil de nouvelles de David Foster Wallace, du nouveau roman de Philippe Forest et de la nouvelle traduction de "Martin Eden" de Jack London.

"Je gaspillais beaucoup de temps et d’énergie à créer une certaine image de moi-même et à recueillir une approbation ou une acceptation qui ne me faisaient rien, parce qu’elles n’avaient rien à voir avec celui que j’étais vraiment. J’étais un imposteur et ça me dégoûtait, mais je crois que je n’arrivais pas à m’en empêcher."
Ces mots sont ceux de Neal, son long monologue d’homme en proie au doute, à l’imposture et à l’errance constitue l’une des nouvelles de L’Oubli. Comme Neal, les autres personnages de ce recueil souffrent de l’impossibilité de faire coexister leur propre espace mental avec le reste du monde. Et trouvent leur refuge dans l’effacement et l’oubli : dans l’art le plus absurde, la folie, la chirurgie esthétique, une lettre désespérée, ou même le suicide.
"L’Oubli" de David Foster Wallace, traduit de l'anglais par Charles Recoursé (L’Olivier)

Marqué par un deuil déjà ancien, un homme décide de revenir dans la ville où il est né et où il a autrefois vécu. Tout a changé. Pourtant, petit à petit, les mêmes fantômes fidèles s’en retournent vers lui sous les apparences étranges et familières qu’ils ont désormais revêtues. Dans le quartier où il s’est installé, de grands travaux sont en cours. Les immeubles en passe d’être démolis voisinent avec les constructions nouvelles. Autour de l’homme qui raconte son histoire, les signes se multiplient. La demeure où il a élu domicile lui semble comme une maison hantée perdue au beau milieu d’un vaste terrain vague. Il y fait la connaissance d’une femme et d’un homme dont il finit par s’imaginer qu’ils détiennent peut-être la clef du mystère qui les entoure. Le roman vécu se transforme alors en une fable fantastique dévoilant le vide où s’en vient verser toute vie et qui en révèle la vérité.
"Crue" de Philippe Forest (Gallimard)

Martin Eden, un marin de vingt ans issu des quartiers pauvres d’Oakland, décide de se cultiver pour faire la conquête d’une jeune bourgeoise. Il se met à écrire, et devient un auteur à succès. Mais l’embourgeoisement ne lui réussit pas… Désabusé, il part pour les îles du Pacifique. Ce magnifique roman paru en 1909, le plus riche et le plus personnel de l’auteur, raconte la découverte d’une vocation, entre exaltation et mélancolie. Car la réussite de l’œuvre met en péril l’identité de l’écrivain. Comment survivre à la gloire, et l’unir à l’amour, sans se perdre soi-même? Telle est la quête de Martin Eden, le marin qui désire éperdument la littérature.
"Martin Eden" de Jack London, édition et traduction de l'anglais par Philippe Jaworski (Folio)

Le Petit salon de Lucile Commeaux
Tous les jours aux alentours de 21h20 les critiques de la Dispute passent au Petit Salon pour discuter d’un sujet de l’actualité culturelle – nouvelles têtes, polémiques, querelles esthétiques. À retrouver ici.
Programmation musicale
♫ "Life Goes On" de Jean-François Morin
♫ "Piano phase 9" de Paul Erskine
♫ "Nocturnes n° 2 op 15" de Frédéric Chopin
Chroniques
- Critique littéraire (L'Obs)
- journaliste à Libération