Ce soir, la Dispute est exceptionnellement enregistrée en public à l'occasion de l'ouverture du Louvre-Lens.
Autour de la table seront réunis les critiques suivants :
- Corinne Rondeau (France Culture)- Vincent Huguet (Marianne)- Jean-Max Colard (Les Inrockuptibles)
SIGNIFICATION DU PROJET:
Corinne Rondeau:
J’y vois une des plus grandes ambitions du musée en France. C’est le sanctuaire absolu de l’histoire de l’art dans des collections d’un certain nombre de siècle. On se questionne sur le devenir de ce déplacement.
C’est une très belle réalisation entre la mesure du risque et la décentralisation. C’est une claque. Le Louvre est dans son temps, le décloisonnement opère.
Vincent Huguet: Ce n’est pas seulement un projet architectural mais une réinvention. Il n’y a pas de recherche du spectaculaire et c’est très émouvant. L’obsession, c’est de rendre accessible à tous ce musée. C’est le résultat d’années de réflexion. On est dans un musée d’art ancien ancré dans une architecture très contemporaine. C’est rare en Europe et c’est ce qui fait sa force.
Jean-Max Colard:
Je suis assez impressionné par la qualité et l’ampleur du projet. C’est vraiment un projet de musée décentralisé, encore dans le service public.
Ce n’est pas la première fois que la culture vient requalifier les lieux du déclin industriel.
PROJET ARCHITECTURAL:
Corinne Rondeau:
L’architecture est adaptée. Elle ne jette aucun opprobre au territoire. Elle s’insère dans le lieu. Il y a cette ligne de lumière absolue et incroyable. Elle est discrète, c’est une réussite considérable.
Vincent Huguet: C’est une architecture tout en horizontales, atmosphérique, une architecture de la disparition, de la transparence de la translucidité. Ce bâtiment est magnifique et va marquer l'histoire de l'architecture.
Arnaud Laporte: J'ai été saisi par ce geste architectural qui est fort, simple et sobre.
LA GALERIE DU TEMPS:
Corinne Rondeau:
La salle se présente directement à vous. Je me suis dit : Je suis face au temps de manière autonome avec mon propre parcours. Il y a un registre intelligent de la scénographie. Ce grand module, ce grand espace vide est tout à vous. Vous avez les œuvres qui flottent avec une clarté incroyable.
Vincent Huguet: J’ai eu l’impression d’être dans un endroit sacré, comme dans un immense coffre où on aurait réuni des chefs-d’œuvre, les œuvres emblématiques de notre civilisation, de ses débuts au 19ème siècle, comme pour leur faire franchir le temps, de même que l'on protégeait certaines oeuvres d'art pendant la guerre en les cachant au fond des mines… C'est ainsi que l'imaginaire de la mine, du tumulus, revient!Ce nouveau musée renoue avec l’identité du Louvre des origines, l'universalité, car cette "galerie du temps" est aussi la galerie de l’homme, de ses émotions et de tout ce qui nous constitue.
Jean-Max Colard:
Le Louvre invente un musée du 21ème siècle.
La spécificité de cette exposition, ce sont les œuvres traitées comme des œuvres contemporaines.
Le grand mot de ce musée, c’est le décloisonnement, un musée sans mur. Le dialogue est au cœur de cette exposition. C’est un musée à l’ère de l’échantillon.
Arnaud Laporte: J'ai eu l'impression d'être dans un vaisseau spatial, comme une sorte d'Arche de Noé plastique qui enverrait les plus belles oeuvres de notre humanité vers des civilisations autres.
EXPOSITION TEMPORAIRE : Renaissance: Révolution des arts en Europe , jusqu'au 11 mars.
Corinne Rondeau:
Elle est en contrepoint de la Galerie du Temps. On rejoue la question du musée avec un parcours, une segmentation avec une thématique par salle. Le choix, c’est la grande clarté. C’est cette manière dont avec peu d’œuvre, on nous donne les choses essentielles. Il y a une très belle répartition.
Vincent Huguet: Le thème est très bien choisi et l'un des grands plaisirs de cette exposition est le grand nombre de dessins, somptueux, qui y sont montrés, ainsi que des oeuvres devant lesquelles on est souvent passé au Louvre sans les voir et que l'on découvre ici, que l'on voit, véritablement, pour la première fois.
Jean-Max Colard: J’ai trouvé l’exposition un peu traditionnelle. Dans la salle des copies, on voit comment une culture se fonde sur la reprise et la ré-interprétation.
La revue de presse spéciale Louvre-Lens d'Antoine Guillot: Le Louvre à Lens: avancées dans l'histoire de l'art et traumatismes nationaux.
Pastille introductive: Henry LOYRETTE
- Maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’Université de Nîmes et critique d'art
- Critique d'art et commissaire d'exposition
- metteur en scène