Les hôtes singuliers d’Ainay-le-Château - 1ère diffusion 07/12/2010
Un documentaire de Séverine Liatard, réalisé par Charlotte Roux
A la fin du XIXème siècle, afin de désengorger les asiles parisiens, la première colonie familiale française est créée à Dun-sur-Auron dans le Cher puis quelques années plus tard à Ainay-le-Château.
Placés dans les fermes des paysans contre une rémunération, les malades mentaux sont pris en charge à domicile et insérés dans une structure familiale en vivant en maison individuelle auprès de la famille (les nourriciers) ou en participant aux travaux de l’exploitation. On comptabilise, à la fin des années 1960, environ 500 placements pour 1200 patients.
Tout un courant de la psychiatrie moderne souhaite promouvoir ce type d’accueil où le fou n’est plus relègué aux franges de la collectivité et peut vivre librement. Comment s’élabore alors cette promiscuité au quotidien avec le monde de la folie dans la communauté villageoise ? Depuis les origines, la population autochtone s’est construit un savoir et un système de représentation du fou qui reproduit au final les lignes du partage social. Les praticiens hospitaliers de l’époque (psychiatres, infirmiers ou psychologues) tentent ainsi de déjouer tant bien que mal les discriminations identitaires qui s’expriment dans les pratiques quotidiennes en créant notamment davantage de liens entre les personnels de l’hôpital, les patients et les familles nourricières.