Un documentaire de Olivier Chaumelle et Séverine Cassar. Il y a cinquante ans, le général de Gaulle inaugurait en personne l'usine marémotrice de la Rance, un projet d'envergure destiné à produire de l’électricité à partir de la force des marées.

Quiconque a fréquenté un peu les côtes de la Manche, où les marées sont importantes voire formidables, a pu se représenter la force invincible de la mer. La baie du Mont-Saint-Michel est l’endroit d’Europe qui présente les plus fortes marées. Un coefficient 120 équivaut aux îles Chausey à une différence de hauteur d’eau de 15 mètres entre la basse et la pleine mer. Les mouvements de ces masses d’eau représentent des circulations d’énergie colossales. La théorie les décrit bien, mais la technologie a bien de la peine à les capter.
Il est naturel qu’on se soit posé la question de convertir cette force incommensurable en énergie utilisable par l’homme. On a tout d’abord installé ici et là des moulins à marée, à fonctionnement intermittent, avec un bassin de rétention pour stocker l’eau à la pleine mer, avant de la lâcher à la marée descendante pour actionner la meule. Puis, dès lors qu’on a eu les connaissances nécessaires, on a cherché à fabriquer de l’électricité à partir de l’énergie des marées.
L’idée d’installer une centrale marémotrice en Bretagne, d’abord dans la baie de la Fresnaye, puis sur l’Aber Wrac’h, puis sur l’estuaire de la Rance, émerge au début des années 1920. Il aura fallu vaincre, grâce à beaucoup d’astuce et à des calculs très compliqués, tous les écueils technologiques un à un, et ils ont été nombreux, jusqu’à ce qu’enfin, le 26 novembre 1966, le général de Gaulle lui-même vienne introduire un peu d’emphase lors de l’inauguration de ce projet d’avant-garde. C’était il y a cinquante ans.
À l’époque, on était assez fier de cette centrale électrique unique au monde, mais surtout très content de disposer d’un lien routier entre Saint-Malo et Dinard. Aujourd’hui, c’est le problème de l’envasement de l’estuaire, dont le barrage est en partie responsable, qui préoccupe la population.

AVEC notamment :
Michel Allemand, responsable de l’usine marémotrice de la Rance
Marc Bonnel, président de l’association Histoire et patrimoine du pays de Dinard
Éliane Boudic, ancienne salariée du chantier de la Rance
Jean-Pierre Briand, élu à Saint-Suliac
Yves Desgués, meunier, propriétaire d’un moulin à marée
Éric Feunteun, chercheur en écologie marine
Christain Fraud, éditeur
Alain Hugues, militant écologiste
Loïc Josse, libraire
Thierry Kérisel, ingénieur, petit-fils d’Albert Caquot
Alain Roman, historien
Lecture par Nathalie Duong



Comité opérationnel des élus et des usagers de la Rance
Étude du département de géographie de l’École Normale Supérieure
Chroniques
Bibliographie
Usine marémotrice de la Rance. Née de la force des océansBow Window, 2016