Georges Berthoin , notre grand témoin de ce matin, est devenu spécialiste de la politique extérieure britannique presque par accident. Au sortir de la guerre, le jeune résistant tente le concours tout neuf de l'ENA auquel il échoue pour cause de méconnaissance de l'anglais. Il se décide alors à poursuivre ses études à Harvard ce qui va le conduire - ainsi qu'il nous le raconte dans cet entretien - à faire une carrière diplomatique en lien étroit avec la Grande-Bretagne. A son retour en France, il entre en effet au cabinet du ministre des finances et rejoint l'administration préfectorale en Lorraine, où il approche les problématiques de reconstruction et d'Europe. Il s'engage ensuite auprès de Jean Monnet dans l'administration naissante de l'Europe à Luxembourg et, en 1956, il est nommé à la délégation de la CECA à Londres. La crise de Suez révèle alors l'ampleur du désappointement britannique face au bouleversement de son monde et à la coupure de l'artère qui reliait Londres et son Empire asiatique. Il assiste ensuite aux négociations que le gouvernement britannique entame avec l'Europe naissante, aux ambiguïtés anglaises mais aussi françaises à ce sujet, et il demeure à Londres jusqu'à l'entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté.