Quel rapport de l'écrivain au réel ? Celui-ci se donne-t-il à l’écrivain ou se dérobe-t-il devant l’écriture ? Le romancier Emmanuel Carrère était notre invité à l'occasion de la parution de l'ouvrage collectif "Emmanuel Carrère : faire effraction dans le réel" (P.O.L., 2018).
Chroniqueur, voyageur, critique, réalisateur et écrivain, rendez-vous avec l’écrivain Emmanuel Carrère.
P.O.L., sa maison d’édition, a eu l’idée de réunir une trentaine de personnalités, du cinéaste Olivier Assayas au romancier Michel Houellebecq, du juge Etienne Rigal à l’éditeur Olivier Rubinstein, sous la gouverne de Laurent Demanze et Dominique Rabaté, pour parler de lui et de son rapport au réel.
Il y avait une espèce de promesse implicite qu'on pourrait faire toute sa vie d'écrivain là.
(Emmanuel Carrère à propos de son compagnonnage avec la maison d'édition P.O.L.)
Entre autofiction et journalisme narratif, maître français de la non-fiction, Emmanuel Carrère est l’auteur d’une dizaine de livres : citons La Moustache en 1986, qu’il a lui-même adapté au cinéma avec Emmanuelle Devos et Vincent Lindon en 1995, adapté par Claude Miller, puis L’Adversaire en 2000, inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand, adapté par Nicolas Garcia avec Daniel Auteuil.
Pour ma part, comme lecteur, je peux aimer des phrases très baroques, avec un vocabulaire très riche et imagé, mais ça n'est pas mon registre à moi. Mon registre à moi est sans doute plus pauvre, moins riche.
(Emmanuel Carrère)
Sans oublier Un roman russe, 2007, D’autres vies que la mienne, en 2009, adapté par Philippe Lioret, Limonov en 2011, et Le royaume en 2014.
Ma visée en écrivant est une espèce de fidélité à l'expérience avec ce qu'elle comporte d'agréable, mais aussi de douloureux, d’indéchiffrable. C'est cette fidélité qui constitue une sorte de morale littéraire.
(Emmanuel Carrère)
Rediffusion de l'émission du 05/10/2018
- Ecrivain, scénariste, cinéaste