Chromosome X, il n'en restera qu'un
En quoi les chromosomes X et Y sont-ils différents ? Comment ont-il évolué ? Qu’est-ce que l’effet de dose des gènes ? En quoi est-ce un problème lorsque l’on possède deux chromosomes X ? Quels sont les mécanismes épigénétiques qui, chez l’homme et chez la souris, permettent de compenser cette dose?

Je ne vous apprendrai pas grand-chose en vous disant qu’il y a entre le mâle et la femelle un certain nombre de différences, différences qui chez les métazoaires, et pour ce qui nous concerne, chez les mammifères, sont principalement codées dans la dysmétrie génétique entre le gène X et le gène Y. Or si chez l’homme, la différence entre X et Y permet l’expression différenciée des gènes présents sur les deux chromosomes, chez la femme, il y a un problème : l’un des deux gènes X doit être inactivé, sous peine de produire deux fois trop de protéines et d’avoir des effets délétères, voire mortels. C’est de cette inactivation très complexe, qui met en jeu l’appareil épigénétique, dont nous allons vous parler aujourd’hui.
Chromosome X, il n’en restera qu’un ! C’est le programme double qui est le nôtre pour l’heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et pour évoquer ces questions et l’état de nos connaissances sur ces phénomènes d’inactivation, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Claire Rougeulle, directrice de recherche CNRS et responsable de l’équipe ARNs non-codants, différentiation et développement au Centre Epigénétique et Destin Cellulaire de l’Université Paris Diderot et Raphaël Margueron, directeur de recherche INSERM et responsable de l’équipe "Mécanisme de répression par les protéines Polycomb" de l’Institut Curie.
“On est tous unique, mais les femmes sont plus uniques que les hommes.” Edith Heard
Le reportage du jour
Rencontre avec Jan Zylicz, chercheur au sein de l’Unité Génétique et biologie du développement - Equipe Edith Heard, à l’Institut Curie. Que sait-on de la chronologie de l'inactivation du chromosomeX et quelles pistes thérapeutiques cette compréhension ouvre-t-elle ? Par Antoine Beauchamp :
Repères
- Les modifications épigénétiques modifient l’état de condensation de la chromatine et ainsi, permettent ou empêchent l’expression des gènes sans changer leur séquence génétique.
- Les femmes possèdent deux chromosomes X, soit une copie de plus pour chaque gène du X que les hommes qui ont un X et un Y.
- La dose est compensée grâce à un phénomène épigénétique particulier : l’inactivation aléatoire de l’un des deux chromosomes X.
- Les femmes sont donc une mosaïque de cellules dans lesquelles soit le X maternel soit le X paternel est inactivé.
Pour en savoir plus
Retrouvez tous les compléments d’information sur le fil Twitter de la Méthode scientifique
- Duel de gènes pour contrôler le chromosome X (La Recherche - 2018)
- Epigénétique : Un génome, plein de possibilité ! (DOSSIER Inserm)
- Le chromosome Y dégénère et le corps humain essaie de l’en empêcher (Trust My Science - 2018)
- L’épigénétique mène le génome à la baguette (CNRS LE Journal - 2018)
- Interview d’Edith Heard : "On ne peut pas tout expliquer avec l'ADN" (La Recherche - 2016)
- Épigénétique : il n’y a pas que les gènes dans la vie (Science Étonnante par David Louapre - 2013)
- Modifications épigénétiques liées à l’inactivation du chromosome X : étude sur les phases très précoces par Jan Zylicz (Revue Cell - Janvier 2019 - en anglais)
Les références musicales
Le titre du jour : “While the blood runs warm in your veins” par Josh White
Le générique de début : "Music to watch space girls by", par Leonard Nimoy
Le générique de fin : "Says" par Nils Frahm
- Directrice de recherche CNRS et responsable de l’équipe ARNs non-codants, différenciation et développement au Centre Épigénétique et Destin Cellulaire de l’Université Paris Diderot
- Directeur de recherche INSERM et responsable de l’équipe Mécanisme de répression par les protéines Polycomb de l’Institut Curie