Troisième long métrage du cinéaste norvégien Joachim Trier, « Back Home » (dont le titre initial « Plus fort que les bombes » a été modifié en France après les attentats du 13 novembre dernier) sort aujourd’hui en salles. Une histoire de deuil familial encombré par le secret, où surgissent trois portraits sensibles d’hommes embourbés, entre questionnements intérieurs et tiraillements familiaux.
On pourrait dire qu’après son beau film sombre Oslo, 31 août , Joachim Trier signe ici un film sur les tourments inhérents au métier de reporter de guerre… Mais ce serait peut-être passé à côté des aspects les plus réussis du nouveau film du réalisateur norvégien qui a choisi cette fois de tourner aux Etats-Unis. On en écoute un extrait :
La cruauté de l’adolescence et ses désillusions
Il ne s’agit pas d’un extrait de la bande-annonce du film, mais de l’une de ses meilleures séquences. Cette séquence, elle démarre comme un clip. Sur la musique, filmées au ralenti, des pom-pom girls américaines font des figures dans les airs. Assis dans les gradins du stade, les deux frères les observent en discutant de la cruauté de l’adolescence, de l’avenir et de ses désillusions. L’aîné essaie de faire comprendre à son cadet mal dans sa peau qu’il n’a aucune chance de séduire l’une des filles les plus populaires du lycée.
C’est lorsqu’il décortique la relation qui se joue au sein de cette fratrie, mais aussi celle qui unit les deux garçons à leur père, aimant mais maladroit, que le film se révèle le plus juste, et aussi le plus drôle.
Séquences comiques
On le sait, c’est parfois des situations les plus dramatiques ou des tempéraments les plus sombres que surgit l’humour le plus mordant et le plus puissant.
Les séquences comiques de Back Home tiennent aussi à la construction du film, à la manière dont Joachim Trier revisite une même scène selon différents points de vus, celui du père et celui de son fils cadet.
Pour autant, comme dans Oslo, 31 août, le réalisateur reste avant tout un bon portraitiste du mal-être, du vertige et de la désillusion post-adolescente. Mais il est ici plus optimiste. Et il y a dans son nouveau film et notamment dans le personnage incarné par le jeune Devin Druid, des réminiscences du Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et des Berkman se séparent de Noah Baumbach (dans lequel jouait déjà Jesse Eisenberg).
En parlant de son film, et comme s’il craignait une forme d’incompréhension, Joachim Trier explique qu’ « il ne s’agit pas d’un film sur la profession de reporter de guerre, mais avant tout d’une histoire autour de la relation parents/enfants et des tiraillements familiaux » . Et c’est lorsqu’il se concentre sur ces tiraillements, lorsqu’il s’attache à les mettre en scène que le film est le plus réussi.