Le groupe australien King Gizzard & The Lizard Wizard - aussi brillant que leur nom est obscur - publiera cette année 5 albums successifs, le premier sous le signe d’une évolution singulière : le passage à l'instrument microtonal.

King Gizzard & The Lizard Wizard (on pourrait traduire par le Roi Gésier et le Magizien Lézard) groupe australien formé en 2010 et dont la créativité n’a d’égale que la productivité (si l'on s'en tient à l'approche comptable de la musique) : ils publient leur dixième album en ce début d’année (ce qui fait un à deux albums par an en moyenne) et s’apprêtent à en publier encore 4 autres d’ici la fin de l’année 2017. Productivité intense qui se double d’une volonté de changer à chaque fois d’approche. Si vous écoutez les deux précédents albums, Papier Maché Dream Balloon d’abord (2015) produisait une sorte de pop douce pleine de flute et de chœurs délicats, où la guitare acoustique était mise en avant, alors que le suivant (Nonagon Infinity - paru l’année dernière) a été reçu presque comme un disque de hard-rock, le jeu formel en plus puisque c’était un album en forme de boucle infinie, chaque morceau s'achevant sur l'introduction du suivant, et le final reprenant le morceau initial. Ce qui donne un peu l'effet serpent qui se mord la queue, l'ouroboros : un cycle qui se referme sur lui-même. Logique à une époque où votre téléphone ou vos ordinateurs enchainent les morceaux tout seuls.
Sleep Drifter
King Gizzard & The Lizard Wizard, groupe de Melbourne qui en dépit d'un nom un peu particulier et d'une démarche aussi cohérente que radicale a acquis une notoriété qui lui vaut d’être à l'affiche d'un festival aussi importants que Coachella (en Californie, un peu le woodstock chic d’aujourd’hui). Les 7 magiciens seront donc aux côtés de Beyoncé et Radiohead en avril prochain. Si rien ne change d'ici là.
En général un seul des membres King Gizzard prend la parole et répond aux interviews (pendant que les autres en profitent pour se promener) ; à propos de cet album Eric Moore (le batteur) explique que c’est après avoir commencé à expérimenter une nouvelle guitare microtonale (imaginez une guitare avec beaucoup plus de frètes, qui permet de jouer les quarts de ton que l’on entend dans la musique orientale) les membres du groupe se sont aperçus qu’il fallait transformer tous les autres instruments (guitare, basse, clavier) pour pouvoir jouer avec cette guitare microtonale. Ajoutez les deux batteries, et un sens inouï de la construction : Nuclear Fusion
King Gizzard & The Lizard Wizard : « Flying Microtonal Banana » (Heavenly Recordings)
Extraits diffusés :
- Melting
- Sleep Drifter
- Nuclear Fusion