La politique à table
Derrière ses atours de convivialité sympathique, la rencontre des questions gastronomique et politique est en France un sujet dont la complexité tient autant aux nombreux enjeux qu'il soulève - agricoles, sanitaires, identitaires, économiques, qu'à nos traditions politiques nombreuses dans ce domaine.

Au moins trois enjeux doivent aujourd'hui retenir notre attention. La cuisine fait tout d'abord écho à nos rituels politiques : banquets républicains, repas des présidents, accueil des hôtes étrangers renvoient à une tradition française qui unit aujourd'hui encore la classe politique.
Mémoire vivante de la République - « la bonne cuisine, c'est le souvenir » disait Simenon, elle relie notre passé à notre présent et constitue un héritage vivant et convivial dans le champ politique.
La gastronomie renvoie également aux passages obligés de la vie politique et notamment aux campagnes électorales et à la nécessité pour nos politiques de s'insérer dans un terroir : qui n'a pas partagé un verre ou un café au comptoir avec ses électeurs, ou tressé les louanges des produits de l'agriculture et de la cuisine locale, n'a jamais vraiment fait de politique.
Sur un plan plus conflictuel, les enjeux culinaires peuvent aussi diviser la société lorsque nos assiettes sont prises en otages par des acteurs politiques qui n'hésitent pas à s'en emparer pour dire ce qu'un bon français doit manger ou boire : polémique sur la viande halal ou la consommation de porc à l'école, les débats ne manquent pas et démontrent que la cuisine n'est pas seulement une mémoire partagée mais aussi un éventuel espace de clivage.
Alors quels sont les usages politiques de la cuisine ? Quels sont les espaces où elle unit ? Ceux où elle divise ?
Voici quelques-unes des questions que nous allons aujourd'hui poser à nos invités dans ce dernier atelier du pouvoir de l'année consacré aux liens nombreux entre cuisine et politiques.


Avec Yves Jégo, député UDI, auteur d'une proposition de loi pour instaurer une alternative végétarienne dans les cantines scolaires; e t Yves Schemeil, professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, invité par l’école hôtelière de Lausanne pour y réaliser un MOOC intitulé « Cooking the world: The geopolitics of hospitality » (sortie en mars 2016).

Séquence internationale sur la Russie : avec Maria Emanovskaya, doctorante à l’Inalco. Sa thèse porte sur les changements des habitudes alimentaires en Russie post-soviétique et les nouvelles identités russes en construction.
Chronique livre par Thomas Wieder: Fabien Oppermann, Le Versailles des présidents. 150 ans de vie républicaine chez le Roi-Soleil , Fayard, 2015.

Versailles, théâtre du parlementarisme républicain, mais aussi Versailles théâtre de la diplomatie républicaine. Surtout quand il faut impressionner ses hôtes, la République s’accommode fort bien des ors du Roi Soleil. On pense évidemment au traité de Versailles au lendemain de la première guerre mondiale mais aussi à ce fameux sommet du G7 en 1982 que François Mitterrand - qui ne fut pas le moins monarque de nos présidents - voulut à Versailles en justifiant ce choix de la façon suivante : « On ne voit pas pourquoi la République s’installerait par vocation naturelle dans les endroits où ni l’art, ni l’histoire ni le confort n’ont été réunis. »
Intervenants
- doctorante à l’INALCO
- homme politique
- professeur à Sciences Po Grenoble et au labo PACTE (CNRS-Université)
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