Y a-t-il urgence à lancer un grand débat public sur la dépendance ?
Le CESE, Conseil économique, social et environnemental appelle le gouvernement à le faire sans tarder.

Il faut « ouvrir un large débat public sur le financement de la perte d’autonomie des personnes âgées ». C’est l’appel que vient de lancer le Cese, le Conseil économique, social et environnemental. Dans un rapport, il demande au gouvernement à le faire sans tarder, comme s’il y avait urgence, parce que d’ici une trentaine d’années, les personnes qui vont se retrouver en situation de dépendance, qui ne peuvent plus s’assumer seules, ne seront plus 2 millions comme aujourd’hui mais aux alentours de 5 millions…D’un chiffre on mesure l’ampleur de cette cause quand on voit que chaque année ce sont plus de 50 000 personnes supplémentaires qui perdent leur autonomie….Or, ce rythme va s’accélérer. Plus possible de reporter les décisions mais quand on entend le conseil économique et social demander d’ouvrir un débat public, il y a de quoi être surpris. Ce grand débat n’a-t-il pas déjà été annoncé et programmé sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy sous la forme d’un débat national qui durerait six mois, devant aboutir avant l’été 2011... Non pas un débat théorique, mais articulé autour de débats dans les départements, faisant entrer des usagers pour s’exprimer !
Sept ans plus tard, il faudrait tout remettre à plat pour relancer le chantier de la dépendance ?
Le fait est que ça n’a pas abouti, quand bien même ce débat était lui-même alimenté par des dizaines de rapports pointant du doigt des réformes nécessaires. Mais en réalité, ce n’est pas tellement sur les solutions à apporter qu’il y a problème, c’est sur l’ampleur des coûts financiers qui touchent la perte d’autonomie. Qu’il faille une meilleure gouvernance du dispositif, plus de prévention, renforcer les effectifs dans les Ehpad, -certains voudraient même doubler le nombre d’infirmiers et aides-soignants- tout le monde s’accorde sur la nécessité de faire des efforts…Mais en déployant quels moyens ? Là, ça devient difficile parce que très lourd à financer. Le coût du vieillissement augmente plus rapidement que les recettes. Il met en danger l’équilibre financier de certains conseils généraux: deux auteurs alertent déjà en 2011 : Francois Jeger et Olivier Peraldi....Le défi de la dépendance est encore plus vrai aujourd’hui : 3O milliards d’euros par an, c'est le coût final qui retombe sur la collectivité de la perte d’autonomie qui survient aux alentours des 85 ans.
Quelles perspectives de réformes alors ?
On a évoqué une deuxième journée de solidarité pour compléter les financements… La dernière, en 2017, a bien rapporté quelque 2,3 milliards d'euros: un prélèvement sur les salaires et le capital. Mais quand bien même on instaurerait une deuxième journée qu’on ne résoudrait pas l’équation. Elle se joue entre les remboursements de l’assurance maladie, les départements, les familles et des aides nationales….Il est question de revoir l’ensemble des contributeurs afin d’équilibrer un effort qui pourrait, peut-être, se matérialiser par la création d’une cinquième branche de la sécurité sociale, en tout cas être mieux partagé, mieux expliqué aussi...
Jusqu'où aller financièrement sous une forme de solidarité ? Cela fera aussi partie du chantier qui doit être lancé par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, dans les prochaines semaines.

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