L'extrême droite profite aussi de la coupe du monde
La France vivra ce soir, des moments probablement encore agités, en marge du troisième match de l’équipe de foot d’Algérie en Coupe du Monde. Dans de nombreuses villes et beaucoup de quartiers, les supporters des “fennecs” c’est comme ça qu’on appelle les joueurs Algériens, vont descendre dans la rue pour manifester leur enthousiasme, et fêter une éventuelle victoire qui les qualifierait pour les 8ème de finale.
Ca se passera très bien la plupart du temps, mais ça n’ira peut-être pas, en certains endroits, sans débordements : on se souvient de la soirée de dimanche, au moment du deuxième match de l’Algérie. Soirée pendant laquelle de nombreux actes de vandalisme ont été commis : voitures et poubelles brûlées, mobilier urbain saccagé, affrontements avec les services de police.
Le Directeur Départemental de la Sécurité Publique du Rhône, Albert Doutre, évoquait lundi matin, des “violences urbaines caractérisées”, et prévoit pour ce soir, un dispositif conséquent de quelques 350 policiers, pour la seule ville de Lyon. Car c’est à Lyon, que la situation semble la plus tendue y compris politiquement. Bien avant que la coupe du monde ne débute, l’extrême droite la plus dure a fait monter une pression malsaine, notamment autour du quartier Guillotière, sur les supporters de l’équipe d’Algérie, en dénonçant avant qu'ils n'adviennent, les débordements, en manipulant les réseaux sociaux pour exagérer outrageusement ceux qui ont effectivement eu lieu. Et en assimilant l'ensemble des supporters aux quelques casseurs et voyous qui se cachaient parmi eux.
Encore toute la journée d’hier, les “identitaires” ont fait monter la pression, en annonçant pour ce soir un rassemblement “anti-racaille”, pour “défendre la ville de Lyon”. Il devait prendre la forme d’une véritable descente de miliciens, en plein quartier populaire. C’était évidemment du bluff : cette manifestation n’aurait pas eu lieu, mais elle a quand même été interdite, par la Préfecture. Ce qui permet aux identitaires de se poser encore une fois en victime : “on nous interdit de manifester, mais on n’interdit pas aux racailles, de descendre dans la rue”... Facile.
Pour le Front National, aussi, l’occasion est trop belle : et Marion Maréchal Le Pen, dès lundi, n’a hésité que très peu de temps avant de récupérer politiquement cette affaire, en évoquant un “échec de l’intégration à la française”. Et voilà en mouvement, sous nos yeux, les deux jambes de l'extrême droite.
D’un côté, an amont : on provoque, on alimente, on menace. C’est le rôle des militants en blouson noir. De l’autre, on ramasse les dividendes politiques. C’est le rôle des partis qui se présentent aux élections.
L'équipe
Une sélection personnalisée des contenus de FranceCulture.fr
- lisible sur ordinateur et sur mobile
- que vous recevez au rythme désiré et évidemment… gratuite.