Les responsables de l’ancien plus grand parti de France le répètent en boucle depuis hier soir : “on est sorti de la crise”. Élément de langage le plus utilisé, et preuve ultime donnée en choeur par les membres du Bureau Politique : la solution qui a été trouvée hier, a été adoptée à l’unanimité des membres présents. “L’UMP est sauvée”, déclare fièrement Jean-Pierre Raffarin. Mais cette unanimité donne quelque chose de louche, une impression bizarre.
L’unanimité, il faut s’en méfier, de façon générale, et au sein d’un parti politique, surtout dans l’état dans lequel se trouve l’UMP, ça ne laisse rien présager de bon. Au mieux, c’est signe qu’il ne s’est rien passé : statu quo général, vitrification totale. Au pire, c’est la preuve que tout le monde tire dans son coin : on pourrait parler d’unanimité négative. C’est précisément ce qui s’est passé hier soir. Le triumvirat Fillon, Juppé, Raffarin, lardé de Luc Chatel, en secrétaire général dont on voit pas très bien à quoi il sert, sinon de caution pour les Sarkozystes et les dernies Copéistes, sera amené à être complété par une flopée de secrétaires généraux adjoints, qui seront nommés lors des prochains bureaux politiques.
Un peu comme si allait se rejouer l’après-guerre Copé-Fillon, quand les différents clans du parti s’aggloméraient dans une direction parfaitement inefficace. Alors, les problèmes sont-ils réglés, à l’UMP, comme on l’entend depuis hier ? Est-on en sortie de crise ? Evidemment que non.
Ni au niveau des affaires, surtout pas de l’affaire Bygmalion, à l’origine notamment d’importantes questions sur le financement de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy. Eric Césari, fidèle sarkozyste et directeur général du parti est toujours en place, et on ne sait pas ce quel type de cadavres vont trouver les pachas, dans les placards, quand ils vont demander un audit sur les comptes de l'UMP.
Rien n'est réglé non plus au niveau politique. Ce compromis trouvé hier entre les sarkozystes, et tous les autres ambitieux, ne règle pas la question de l’opposition, toujours plus forte entre tenants de la ligne centriste et partisans de la “droite forte”. Il faut s’attendre désormais, les mardi, à toute une série de Bureaux Politiques extraordinaires. Il faut s’attendre, surtout à un été chaud, avec la perspective d’un retour de Sarkozy, et à une guerre des égos, jusqu’au congrès du mois de novembre.
Un temps pendant lequel, le terrain politique sera laissé en friche. Et l’opposition de droite laissée au Front National?