Une France divisée où les leaders politiques ne débattent pas ensemble à l'image de L'Emission Politique du 17 mai sur France 2. Pour la première fois depuis la présidentielle, cinq responsables de partis étaient réunis sur un même plateau mais sans débattre. C'est la "France quatre-quarts".

"La France quatre-quarts" : quatre œufs et 250 grammes de farine, autant de beurre et autant de sucre. La recette du quatre-quarts est bien connu de tous. Et la France, un an après la présidentielle, ressemble à ce gâteau, elle est toujours dans cet état-là. On se souvient des résultats du 1er tour : Entre 7 et 8 millions et demi de suffrages pour chacun des quatre candidats des formations politiques suivantes, par ordre décroissant : En Marche !, le Front National, Les Républicains et la France insoumise. (On pourrait ajouter les 10 millions et demi d'abstentionnistes du 1er tour, 1er parti de France)
L'Emission politique de France 2 hier soir a voulu une émission bilan, un an après l'élection d'Emmanuel Macron, en réunissant pour la première fois 5 dirigeants de partis. Hormis le PS et ses 6% représenté hier soir par son nouveau premier secrétaire Olivier Faure, on avait là notre quatre-quarts. Sauf qu'on n'a pas vu la tête du gâteau, puisqu'il n'y a pas eu de mélange, il n'y a pas eu de débat.
La France, ce pays où les leaders politiques veulent chacun une tribune mais refusent d'échanger leurs arguments. Aux dires du délégué général de La République En Marche, Christophe Castaner, il aurait servi de punching-ball face à quatre opposants. Quant à Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise par qui est venu l'autre refus, cette forme ne lui convenait pas. Lui qui dans un sondage Odoxa d'hier est considéré comme le "meilleur opposant" loin devant Marine Le Pen et Laurent Wauquiez n'avait pas envie de mêler sa voix "dans un débat hystérique" selon les dires de l'état-major insoumis cités par Libération.
Des opposants à la politique d'Emmanuel Macron qui ont défilé les uns après les autres
Il avait été demandé à chacun par la production de l'émission d'apporter un objet qui symbolise la première année de mandat d'Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon a apporté une paire de ciseaux.
Laurent Wauquiez, patron des Républicains, a lui aussi voulu parler de coupe.
Olivier Faure, pour le parti socialiste, a apporté une balance pour évoquer les inégalités.
Marine Le Pen, enfin pour le Front National, est venue avec une plante : une Tillandsia.
Chacun avait bien travaillé cette séquence pour produire son effet. Mais chacun dans son couloir. Avec tout de même, une convergence de vue : la politique en place depuis un an produit trop d'inégalités. Et quand de l'autre côté de la manche, la BBC commande cette semaine à IPSOS un sondage à l'échelle de 27 pays intitulé "Un monde divisé ?" Que dit cette enquête ? Que les écarts de richesse produisent la deuxième plus grande source de tensions après les différences d'opinions politiques. Si l'on ne s'intéresse qu'aux résultats français, où 75% des sondés jugent le pays divisé et 61% estiment qu'il l'est plus qu'il y a 10 ans. Des chiffres qui correspondent peu ou prou à la moyenne des 27 populations interrogées.
En France, la première source de division, ce sont les différences entre les immigrants et les natifs. Deuxième source : les religions, devant les différences ethniques. Cela tourne donc beaucoup autour des problèmes d'identité et reflètent les résultats électoraux de l'an passé et le score d'un François Fillon ou d'une Marine Le Pen. La question des divisions sociales, des écarts entre les riches et les pauvres, les écarts générationnelles ou entre les hommes et les femmes viennent après à l'inverse de beaucoup d'autres pays dans cette enquête. Mais de façon assez commune dans une large partie de l'Europe.
Au populisme économique et social qui divise le monde entre profiteurs et travailleurs s'ajoute déjà un populisme culturel qui divise les nations entre "nous" et "eux". Selon les conclusions de cette enquête, l'élection présidentielle de 2022 se jouera, encore plus qu'en 2017, serait-on tenté de dire, sur ce sujet.