Des maires de banlieue entre espoir et burn-out
Alors que s'achève aujourd'hui le salon des maires d'Ile-de-France, après la démission du maire de Sevran Stéphane Gatignon dénonçant un "mépris de l'Etat", et à quelques jours de la publication du rapport de Jean-Louis Borloo, Sophie Delpont a recueilli la parole des maires de banlieue parisienne.

« Je comprends l’épuisement, le burn out »,
lance le maire communiste de Grigny Philippe Rio, depuis le salon des maires d’Ile-de-France.
"Le soir de la démission [...] nous nous somme posé à plusieurs cette question et je me suis personnellement posé la question pendant une semaine."

"Il y a des collègues, des fonctionnaires, des agents de la société civile qui ont senti quelque chose craquer chez les maires de banlieue... Bon on va repartir".
Le geste de son collègue, Stéphane Gatignon qui a annoncé sa démission le 27 mars dernier, résulte de « 17 ans dans les tranchées de la République » à gérer "le mal logement, le mal santé, le mal insertion, le mal-être..." Avec "des injonctions paradoxales de l'Etat qui nous demande de faire plus avec moins de moyens".
Philippe Rio dresse le bilan de lappel qu’il avait lancé depuis sa commune, signé par plus d’une centaine de maire de tous bords politiques.
"Nous avons entamé un tour des France des solutions",
passant notamment par l'emploi à Roubaix, à Mulhouse pour l'insertion professionnelle, et à Sevran pour le sport.
Le maire socialiste de Clichy-Sous-Bois, Olivier Klein, souligne "les grandes conséquences de la suppression des emplois aidés" en particulier dans les écoles.

Mais depuis qu'il a signé l'appel de Grigny, lancé le 16 octobre dernier, il se veut optimiste.
"Non je ne me sens pas abandonné par l'Etat. Le plan Borloo [...] est une mission confiée par le président de la République donc il y a bien une volonté, en tout cas je le crois encore aujourd'hui, de prendre à bras le corps les questions des quartiers populaires. Donc moi je suis combattif".
Dans les Yvelines Catherine Arenou, maire divers droites de Chanteloup-les-Vignes est encore très choquée par l’incendie qui a détruit une école maternelle sur sa commune il y a une semaine :

"Il faut le voir, il faut le vivre... Quand un dortoir d'école maternelle est totalement cramé, quand les doudous sont là par terre, et des dessins qui ont fait toute une vie de petits... c'est autant de témoignages qui n'existent plus[...] On a attaqué, pas seulement la ville, pas seulement attaqué l'école, mais on a attaqué ce qui est la vie des familles."
La démission de Stéphane Gatignon a beaucoup bousculé les consciences selon elle, même chez les plus combatifs selon elle :
"Dans une famille quand il y en un qui abandonne ça pose question... [...] Après est-ce qu'on a le droit d'abandonner nos habitants... Non, immédiatement là non. Après si le plan Borloo n'est pas pris à la hauteur des vrais besoins... Et alors là je crois qu'on sera nombreux à se poser des questions pour l'avenir".
"Si on ne peut pas inverser ce parcours d'échec que tout le monde voit en permanence... Si on ne peut pas l'inverser nous maires... Qui le fera?"
Jean-Louis Borloo doit remettre son rapport autour du 20 avril prochain. Un moment que beaucoup jugent décisif pour les banlieues.
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