"Paula", le film de Christian Schwochow qui sort aujourd’hui en salles est consacré à la peintre allemande, Paula Modersohn-Becker, redécouverte en France ces dernières années. Il s'inscrit dans une tendance nette de la fiction qui consiste a rendre plus visibles des créatrices oubliées..

"Paula", film magnifique dont France Culture est partenaire, raconte et rend hommage à Paula Modersohn-Becker, immense peintre allemande, proche notamment de Rainer Maria Rilke, qui a vécu entre le village d’artistes de Worpswede, près de Brème en Allemagne, où elle rencontre son mari le peintre Otto Modersohn, et le Paris de 1900. Vivant dans l’ombre des artistes masculins qui lui sont proches, elle développe, malgré un isolement relatif, une peinture radicale, profondément novatrice, dont elle ne parviendra jamais à vivre, avant de mourir en couches à trente ans seulement.
Dans son film , le réalisateur allemand Christian Schwochow s’intéresse à cette figure longtemps oubliée en Allemagne, mais aussi et surtout en France, où elle a pourtant étudié , pour rendre justice à sa radicalité et son avant gardisme, à l’oeuvre aussi bien dans son art que dans sa vie : Paula Modersohn-Becker se marie par amour mais se refuse longtemps à fonder un foyer et quitte même un mari qu’elle aime pour aller étudier seule à Paris et mieux se réaliser. Son œuvre tombe pourtant dans un oubli quasi-total après sa mort en couches à 30 ans. Son travail a été redécouvert en Allemagne ces dernières années, et a fait l’objet d’une exposition l’année dernière au Musée d’Art Moderne de Paris.
Rendre leur juste place aux femmes créatrices
Avant Christian Schwochow, l’autrice française Marie Darrieussecq lui avait consacré un livre non moins sublime, « Etre ici est une splendeur », paru à la rentrée littéraire 2015.

Ce livre et ce film s’inscrivent en fait dans une tendance assez nette à l’œuvre dans la fiction ces dernières années en France et en Europe, qui consiste à se retourner sur la création passés, et à redonnes aux figures créatrices féminines, souvent avant-gardistes leur juste place, à les « désinvisibilsier ». On peut considérer que le film de Stéphanie du Giusto, « La Danseuse », nommé aux Césars, consacré à Louie Fuller s’inscrit lui aussi dans cette tendance.
Autre succès de la rentrée littéraire 2015, le « Charlotte », de David Foenkinos, a contribué à faire redécouvrir au grand public la figure d’une autre très jeune peintre, Charlotte Salomon, qui a créé dans une fièvre solitaire toute sa vie jusqu’à sa déportation à Auschwitz à l’âge de 26 ans. Un film d’animation est en préparation adapté de l’œuvre de sa vie : les centaines de gouaches qui composent le recueil « Vie? Ou Théâtre ? », par ailleurs republié aux éditions du Tripode.