L'ONG américaine 350.org a organisé ce dimanche une action au Louvre pour dénoncer le partenariat du grand musée parisien avec le géant du pétrole Total. Le président du musée Jean-Luc Martinez se défend. Sous la pression des militants écologistes, plusieurs musées ont déjà rompu avec leurs mécènes.

Le happening aura duré trois minutes, hier matin vers dix heures, plusieurs mètres d’un tissu noir brillant, qui évoque une nappe de pétrole, et, dans le silence le plus absolu, ont déposé plusieurs tracts où l’on pouvait lire : « Total soutient le Louvre/Le Louvre soutient Total - #zerofossile".. Tous sont issus de plusieurs collectifs, emmenée par l’ONG américaine 350.org. En janvier, ils ont lancé une pétition pour demander au Louvre de mettre un terme à son partenariat avec la Fondation Total, au nom de la lutte contre les dérèglements climatiques. « Nous voulons que le Louvre puisse poursuivre ses missions et son ambition de tisser des ponts entre les civilisations passées et les générations actuelles comme à venir. Certaines pièces ont traversé plus de dix millénaires d’histoire, et sont menacées par l’intense combustion de charbon, de gaz et de pétrole à laquelle l’humanité se livre depuis à peine deux siècles », dénonce le collectif international.
Le directeur du Louvre Jean-Martinez répond
Total est en effet un partenaire du Louvre depuis près de 20 ans. Dans une réponse adressée en janvier au responsable de 350.org France, le président du musée Jean-Luc Martinez a refusé d’envisager la fin de ce partenariat, qu’il a défendu en évoquant un "soutien financier décisif". Total a en effet largement contribué à la restauration de la galerie d’Apollon, en 2004, ainsi qu’à l’ouverture du département des Arts de l’Islam et du Louvre-Lens, en 2012, ou encore à l’exposition « Osiris, mystères engloutis d’Egypte ». Et ce, explique Jean Luc Martinez «sans intervenir dans les choix artistiques du musée». Le Louvre, rappelle-t-il, a intégré dans sa politique les engagements de la COP 21 en matière de respect de l'environnement et de développement durable. Et ce mécénat en France est bien plus discret que dans les pays anglo-saxons, écrit-il : « les salles ou propositions de parcours ne sont pas rebaptisées du nom du mécène, contrairement aux pratiques des pays anglo-saxons qui se rapprochent davantage du sponsoring ou du parrainage en contrepartie d’une visibilité hautement affirmée »,
Le Tate Modern et le Science Museum à Londres rompent avec BP et Shell
Mais pour 350.org, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Car la grande inconnue, c’est le montant de la contribution de Total, qui n’est pas rendue publique. Selon le collectif militant, ce financement ne serait pas si important que cela, et « le Louvre n'aurait donc pas grand chose à sacrifier en y renonçant ». C’est en effet l'un des principaux arguments de ceux qui militent contre ce qu’ils appellent « l’art-washing », le principe qui consiste pour ces grandes entrepose à « laver » leur image grâce à la culture ; selon eux, les compagnies pétrolières mécènes retirent beaucoup en terme d’image grâce au mécénat culturel , qui ne leur coûterait finalement pas grand chose au regard de leurs moyens.

C'est ainsi que les collectifs Art Not Oil et LiberateTate ont pendant six ans ont multiplié les happenings pour faire pression sur le musée britannique, lié depuis 26 ans à la compagnie pétrolière BP. Et les collectifs ont fini par l’emporter : en janvier 2016 le musée londonien annonçait qu’il mettait fin à son association avec BP, qui, on l’a appris alors, n’a donné « que » 286 000 euros par an au musée de 1990 à 2006, autant dire bien peu comparé à ses bénéfices. Quelques semaines auparavant, le Science Museum de Londres a rompu ses relations avec la compagnie Shell, après la révélation des pressions subies sur le contenu de sa galerie Atmosphere, destinée à informer le public sur les risques du réchauffement climatique.
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