par Françoise Estèbe Réalisation : Annie Douel "La dernière cigarette " Italo Svevo , de son vrai nom Ettore Schmitz, naquit à Trieste, alors rattachée à l'Empire Austro-Hongrois, en 1861, d'un père autrichien et d'une mère italienne. Sa famille reflète les contrastes de l'identité hétérogène et indéfinissable de Trieste. Ettore Schmitz choisit pour pseudonyme " Italo Svevo", tentant ainsi de concilier les composantes contradictoires d'une culture éclatée, bientôt à son déclin. En 1892 et 1898, il publie à compte d'auteur ses deux premiers romans *Une Vie et Sénilità* dénonciation grimaçante et acerbe du monde bourgeois environnant. Blessé par l'indifférence de la critique, il décide de renoncer à l'écriture. Mais la littérature, comme la cigarette, est sa "maladie", et de façon clandestine, lui qui ne se sent réel que dans l'écriture, ne cesse de "griffonner" des fragments de pièces de théâtre, sa première passion, des carnets, des notes, comme autant de moments de conscience. Ses personnages gris, hésitants, indolents , inaptes à choisir et à s'adapter au monde qui les entoure, préfigurent les anti -héros de la littérature moderne. Après vingt ans de silence, Svevo publie "La Conscience de Zeno", son chef d' oeuvre . Aux avant- postes de la littérature d'introspection, ce livre qui se présente comme une confession adressée à un psychanalyste, sera reconnu, mais bien tard, comme un des ouvrages phares de la grande littérature mitteleuropéenne, précurseur de l'esthétique romanesque moderne. Svevo, névrosé et sceptique, Woody Allen de la littérature, dresse face à son malaise existentiel et à la douleur du monde, les remparts et les masques du rire. Le rire comme arme et comme protection. Rire cruel, rire tragique, rire vital. Textes lus par Loïc Houdré et Yasmine Modestine**