par Simone Douek Réalisation Annie Douel Parmi les figures féminines des Lumières, la Marquise du Châtelet n'est pas la moins remarquable. Voici, un demi-siècle avant la Révolution, une façon révolutionnaire d'être femme. Elle sut affirmer son originalité, ses désirs, sa place parmi les intellectuels contemporains. Elle sut mener sa vie sans céder aux préjugés de son époque. Car Emilie du Châtelet , quelques années après son mariage avec le marquis du Châtelet, se met à étudier : les mathématiques d'abord, puis la physique, la métaphysique, la chimie. En même temps, elle rencontre ses amants : Maupertuis, son professeur de mathématiques, puis Voltaire, le compagnon de dix ans de sa vie. Elle devient une femme de sciences ,elle écrit un Mémoire sur la propagation du feu, elle étudie Leibniz et Newton, dont les théories constituent un des grands enjeux scientifiques de son temps. Elle écrit les Institutions de physique pour expliquer la physique de Leibniz, tout en dédiant le livre à son fils. Elle décide de traduire les Principia mathematica de Newton, et le texte de sa traduction est le seul qui existe aujourd'hui en français. Elle entreprend un commentaire de tous les livres de la Bible, dans un état d'esprit très critique. Elle travaille, disent ceux qui la côtoient, avec acharnement, en dormant très peu. Mais on ne doit pas oublier qu'elle ne néglige jamais les plaisirs de la vie : l'étude en est un pour elle, mais il y a aussi le jeu, et surtout l'amour, la passion. C'est dans le texte le plus personnel, son Discours sur le Bonheur, qu'on la sent réfléchir en philosophe sur le cours de sa vie, sur son amour pour Voltaire avec qui elle a partagé plusieurs années de " philosophie voluptueuse ", et que l'on comprend que cette femme a fait de sa vie une, une oeuvre.